«Il est grand temps d’enterrer les blessures du passé et de construire l’avenir. Je pense que la réconciliation nationale est très importante aujourd’hui, nous ne pouvons-nous attarder sur ce qui s’est passé, il y a des décennies. A partir du moment où n’importe lequel parmi nos concitoyens est intègre, compétent et patriote, il est le bienvenu dans notre parti».
C’est l’une des déclarations de Mehdi Jomaa, président du parti Tunisie Alternatives dont la création a été annoncée mercredi 29 mars 2017.
Mehdi Jomaa a affirmé à l’occasion que le parti ne compte nullement entrer dans des alliances avec d’autres formations politiques et qu’il n’est pas adepte de la logique de la «patente». «Il est vrai que nous sommes à l’origine des technocrates qui avons choisi de faire de la politique parce que nous estimons que nous avons un rôle à jouer dans la renaissance socioéconomique et culturelle de notre pays, mais nous sommes conscients qu’une démocratie ne se décrète pas, elle se construit. Et nous sommes bien décidés à organiser des élections dès que possible pour que ce soit nos concitoyens convaincus de nos programmes et de notre vision qui élisent leurs leaders».
Il a aussi affirmé que la laïcité de la Tunisie et sa dimension républicaine ne seront nullement remises en question. Tout comme les acquis des femmes qui seront renforcées: «Nous appelons à ce propos aussi bien les femmes que les jeunes à rejoindre nos rangs. Non seulement, ils ont leurs places dans notre parti mais ils doivent être présents sur le terrain et acteurs de changement et de construction d’une nouvelle Tunisie».
Le président de Tunisie Alternatives a tenu à préciser que tous ceux qui président aujourd’hui aux destinées du parti sont issus de la classe moyenne et de l’école publique. «Nous sommes les enfants du peuple, nous le comprenons et nous sommes conscients de ses souffrances, de ses inquiétudes et de ses préoccupations. Nous les prendrons en considération en temps voulus».
Jomaa a déploré l’absence de confiance des Tunisiens dans le monde politique et a promis de remettre les pendules à l’heure en entamant des réformes dans tous les domaines et investissant les moyens qui s’imposent dans le secteur de l’enseignement. «Car c’est ainsi que l’on édifie les nations à l’ère de la révolution numérique et des hautes technologies». Tunisie Alternatives a déjà travaillé sur le programme de réformes de l’enseignement: «Nous avons invité 75 élèves à nous faire des propositions et nous avons été éblouis par leur intelligence et leurs idées».
Sur le plan économique, hors de questions que les organisations financières internationales dictent leurs conditions à la Tunisie : «Lorsque j’étais chef de gouvernement, j’ai moi-même demandé à être reçu par le FMI mais ce n’est nullement pour que l’on me dise ce que je dois faire ou que l’on m’impose des conditions. C’était pour présenter notre vision des choses et défendre nos points de vue. Ils en ont été convaincus. Lorsqu’on a la vision et que l’on se présente en tant qu’hommes d’Etat, on ne peut que vous respecter».
Pour relancer l’économie, il faut une réforme fiscale qui passe impérativement par la baisse des impôts afin d’augmenter les revenus disponibles des ménages et booster les investissements, estime M. Jomaa.
Pour Tunisie Alternatives, il s’agit aujourd’hui de mettre en place un leadership qui a une vision et qui œuvre pour l’adhésion de tous les Tunisiens dans l’édifice national. Il ne s’agit pas de s’arrêter aux discours mais de laisser les actes et réalisations parler d’eux-mêmes. Le but ultime n’étant pas de gagner les élections et d’occuper des postes mais de gagner la confiance du peuple qui a perdu foi dans ses politiques.
«Il faut passer de la vision et du programme au concret, et nous voulons que notre parti soit une institution démocratique où il n’y a pas de désignation ou de nominations burlesques».
Le parti Tunisie Alternatives est un parti centriste qui axera ses actions sur la préservation des libertés, le renforcement de la société du savoir et des institutions garantes de l’Etat de droit. Pour le moment, a certifié M. Jomaa, les financements des actions réalisées par le parti auparavant Think tank proviennent de ses fondateurs et de ses adhérents. «Il est trop tôt de parler de financements, de campagnes électorales ou encore de se positionner en tant que parti d’opposition. Nous estimons qu’il est de notre devoir d’exprimer nos points de vue par rapport à la chose publique sans toutefois tomber dans des polémiques stériles ou participer à des débats dévalorisants pour un leadership digne de ce nom».
Sûr de lui, confiant en la capacité de son parti à s’imposer dans un paysage politique confus et dénué de morale, Mehdi Jomaa part déjà gagnant. Il va falloir attendre qu’il dévoile sa vision, mette en place ses structures pour que l’on puisse juger de l’importance de sa place dans un espace saturé par plus de 200 partis et beaucoup de doutes dans leur capacité à édifier une nouvelle Tunisie.
Le président de Tunisie Alternatives pense, pour sa part, que Tunisiens et Tunisiennes doivent agir pour sauver notre pays de la corruption, de la mauvaise gouvernance et de l’injustice. «Nous devons soutenir la Tunisie qui veut travailler. Nous sommes en train de juger l’histoire, n’oublions pas que l’histoire nous jugera un jour pour ce que nous faisons et nous ferons pour notre pays».