Quand il s’agit de problèmes de l’environnement, les journalistes africains sont-ils appelés à devenir des militants écologiques indépendamment des considérations professionnelles ? S’interrogent les représentants des médias de 30 pays africains réunis, à Ben Guérir au Maroc dans le cadre au symposium régional de l’Union de la presse francophone (UPF).
Quelque 150 journalistes représentant la presse écrite, les médias audiovisuels et les réseaux sociaux prennent part à ce conclave de trois jours qui se tient dans les environs de Marrakech, sur la thématique ” Médias et développement durable en Afrique “.
L’accent est mis sur le rôle des médias dans le traitement des problèmes environnementaux et la position des journalistes par rapport à ces questions.
A cet égard, Sokhna Bator Sall, journaliste à l’Agence de presse sénégalaise (APS) est favorable au profil du ” journaliste militant “, compte tenu de l’importance des questions environnementales dans la vie des citoyens.
Ces questions sont l’objet d’un consensus qui exclue bien évidement les lobbies des industries polluantes, selon ses précisions.
S’agissant de l’objectivité dont doit faire preuve le journaliste lors de l’exercice de son métier, les avis ont été départagés.
A cet égard, pour le secrétaire général de l’UPF Jean Kouchner, l’objectivité n’existe pas, alors que pour Christèle Avom, journaliste à la chaîne publique camrounaise CRTV l’objectivité consiste avant tout, à relater les faits tels qu’ils sont, ce qui est de nature à conférer au travail effectué, une fiabilité qui permet d’augmenter son impact sur le public.
Toutefois, avant de traiter les questions environnementales, les médias sont appelés à comprendre les enjeux, à bien se documenter et à traiter l’information avec précision en ayant recours aux experts et spécialistes en la matière et ce, afin de vulgariser davantage les données au profit du grand public.
Les journalistes de la presse écrite ou audiovisuelle ont un rôle à jouer dans la prise de conscience et la sensibilisation des citoyens aux différents enjeux. Ils sont également, appelés à œuvrer pour inciter les décideurs à réfléchir sur les choix ou politiques à mettre en œuvre.
Pour réussir ce pari, les personnels des médias doivent être formés et se familiariser avec les données scientifiques et les rapports des experts sur les changements climatiques ainsi que sur tous les risques découlant de l’absence d’une protection efficace de l’environnement, soulignent les journalistes présents à ce symposium.
Le continent africain est la région la plus exposée aux risques des changements climatiques, alors qu’il n’est responsable que de 4% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète.
En 10 ans, de 1995 à 2015, le continent africain a subi 136 épisodes de sécheresse. En 2015, la sécheresse a durement frappé l’Afrique australe et l’Afrique du nord et le phénomène d’El Nino a plongé quelque 40 millions d’africains dans l’insécurité alimentaire, selon l’experte internationale Maria Snoussi.
Intervenant sur le thème ” le développement durable en Afrique : utopie ou objectif incontournable “, l’experte estime, qu’il faut agir dans le cadre d’une approche conciliant progrès social et économique et de manière à ne pas mettre en danger les ressources du continent.
Cette logique de prévention que le célèbre premier ministre britannique Winston Churchill résume dans l’adage ” il faut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge ” constitue, selon elle, le moyen idéal de faire face aux risques du changement climatique et aux problèmes environnementaux.
A cet égard, d’ici 2050, la population du continent africain va augmenter de 121,2%, ce qui engendrera une hausse des besoins de consommation des populations tout en préservant les ressources.
Entre les 50 Etats du continent, il existe davantage de similarités que de divergences concernant l’état de l’environnement et les défis de développement durable.
Lesquels défis sont nombreux et concernent entre autres, la sécurité alimentaire et la survie des populations.