Le gouvernement s’emploie à travers la Commission nationale de lutte contre le terrorisme à élaborer un programme d’action sur le traitement de la question des personnes de retour des foyers de tension et du rôle des médias et de la société civile. Ce programme prévoit en particulier la réinsertion de ceux dont la responsabilité dans de tels actes à été établie et après avoir purgé leurs peines.
Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’application de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU n°2178 (septembre 2014) relative aux “combattants terroristes étrangers” et conformément à la Constitution tunisienne, indique à l’agence TAP une source de la Commission. Il vient également concrétiser la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme à la lumière des statistiques officielles faisant état de 2929 terroristes tunisiens à l’étranger.
Dans le 4ème point de la résolution, le Conseil de sécurité “Demande aux Etats Membres de coopérer, conformément à leurs obligations, au regard du droit international, à l’action menée pour écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, notamment en prévenant la radicalisation pouvant conduire au terrorisme et le recrutement de combattants terroristes étrangers, y compris des enfants, en empêchant lesdits combattants de franchir leurs frontières, en faisant cesser et en bloquant l’aide financière qui leur est destinée et, s’agissant des combattants terroristes étrangers qui retournent dans leur pays de départ, en élaborant et appliquant des stratégies de poursuites, de réinsertion et de réintégration”.
Les quatre axes de la lutte antiterroriste
L’article 25 de la Constitution stipule :”Il est interdit de déchoir de sa nationalité tunisienne tout citoyen ou de l’exiler ou de l’extrader ou de l’empêcher de retourner à son pays”.
La stratégie nationale de lutte antiterroriste repose sur 4 axes : la prévention, la protection, le suivi et la riposte. Elle a été adoptée en novembre 2016 et sera complétée par les stratégies élaborées par les départements ministériels concernés dont le programme précité qui relève des prérogatives de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme.
Créée il y a un an en vertu de la loi antiterroriste et de lutte contre le blanchiment d’argent, la Commission nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme est composée de 19 membres représentant les ministères concernés et le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Elle constitue un mécanisme favorisant la communication entre les différentes parties concernées soit les ministères, les organisations internationales et la société civile. Parmi ses objectifs: soutenir l’action du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme et appuyer les efforts de la communauté internationale dans ce sens à travers l’exécution des résolutions onusiennes y afférentes.
La mission de la Commission nationale de lutte antiterroriste
On apprend auprès de la Commission que son rôle principal s’articule autour de la coordination entre les différents départements ministériels à travers l’élaboration de plans d’action qui engloberont tous les aspects stratégiques sur la question.
D’après une source de la Commission, le programme de réinsertion des terroristes de retour de l’étranger “fait partie de ces plans d’action”. La prévention repose sur une approche globale qui n’est pas fondée seulement sur les aspects sécuritaire, militaire et judiciaire mais aussi sur la détermination des facteurs qui nourrissent le terrorisme, souligne la même source. Il s’agit pour ce faire, “de réajuster le discours religieux, de diffuser une culture de tolérance et le droit à la citoyenneté et de renforcer le rôle de la femme dans la lutte contre l’extrémisme violent”.
S’inspirant des expériences internationales réussies dans ce domaine, la Commission a entamé l’organisation d’ateliers de travail pour une meilleure compréhension de ce phénomène et pour l’élaboration d’un “programme tunisien” tenant compte de la réalité tunisienne et des spécificités de la société tunisienne.
Initier les journalistes…
C’est dans cet esprit, poursuit la même source, que la Commission nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme a organisé récemment des ateliers de formation avec la participation des représentants de la société civile et de journalistes pour traiter de la question de la réinsertion des terroristes de retour de l’étranger. Le but est de mieux appréhender la question et de concevoir une vision commune et cohérente à ce sujet du point de vue juridique et pragmatique.
La Commission envisage l’organisation d’autres ateliers dans les régions pour associer la société civile et les autorités locales à l’examen de cette question. Il est prévu de finaliser l’élaboration de ce programme et les différents aspects des plans d’action ministériels visant la concrétisation de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme avant la fin de l’année 2017. Le budget qui sera alloué à cet effet sera discuté par le parlement à l’occasion de l’examen du budget de l’Etat de 2018.