Une rencontre-débat a été dernièrement organisée à la Foire Internationale du Livre de Tunis, avec le romancier portugais Afonso Cruz, né en 1971 à Figueira da Foz (Portugal), autour du roman “Achetons un poète” (2016) traduit en arabe aux éditions Masciliana par Abdeljelil Larbi.
La rencontre modérée par Chaouki Anizi, poète et propriétaire de la maison d’édition Masciliana, a permis aux présents d’aborder l’univers assez polyvalent et particulier d’Afonso Cruz. En effet, le romancier portugais possède plusieurs flèches à son arc de par sa formation à l’école des beaux arts (réalisateur de films d’animation et illustrateur) et sa fibre musicale puisqu’il joue de plusieurs instruments (guitare, banjo, harmonica et ukulélé) et il compose des chansons au sein d’un groupe de blues.
Ce foisonnement de talents a permis l’éclosion d’une expérience littéraire originale qui a amené Afonso Cruz à éditer une quinzaine de livres en seulement huit ans à commencer par son premier roman “La viande de Dieu” (2008). Ces ouvrages, traduits en plusieurs langues dont l’arabe, révèlent un style singulier qui associe l’ironie de la contemplation pour traiter de questions diverses en rapport. En 2012, il a été lauréat du Prix de littérature de l’Union européenne et du plus important prix de littérature au Portugal “Fernando Namora” en 2016.
Questionné sur ses débuts tardifs en littérature, Afonso Cruz a affirmé qu’il ne pensait pas à écrire des romans à ses débuts bien qu’il était un lecteur boulimique ” Je lisais beaucoup depuis mon enfance et je pense que ces lectures m’ont permis d’entamer une carrière d’auteur. Ajouté à cela mes voyages à plus d’une soixantaine de pays qui ont beaucoup nourri mon esprit…”.
L’auteur portugais a abordé par la suite un autre levier d’inspiration pour son expérience artistique et littéraire à savoir son enfance ” J’aime beaucoup cette période de ma vie. C’était une vie merveilleuse dans la maison de mon grand-père qui était une personne atypique tout comme ma grand-mère et mes oncles. Mon grand-père était peintre et a été emprisonné trois fois pour son militantisme contre la dictature, ma grand-mère jouait de la guitare. J’avais un oncle footballeur au Sporting Lisbonne, un autre était pilote de ligne entre le Portugal et l’Angola… La maison de mon grand-père était un véritable musée et elle m’a beaucoup marquée…”
Afonso Cruz a tenu à exprimer sa joie de voir ses œuvres traduites en arabe “Une langue importante qui me permet de toucher des centaines de millions de gens en dépit des différences culturelles. “Avant d’ajouter” Les œuvres littéraires ne deviennent vivantes que si elles sont lues. La traduction est l’un des meilleurs moyens qui permettent à une œuvre de vivre et d’atteindre ses lecteurs un peu partout dans le monde. C’est magique de pouvoir communiquer avec l’esprit d’un écrivain qui a vécu depuis 2000 ans comme lorsque je lis “Platon” par exemple. J’imagine maintenant qu’outre les gens qui sont devant moi, il y aurait d’autres lecteurs tunisiens qui ne sont pas encore nés, dans 100 ans peut-être”.
Rappelons que le roman “Achetons un poète” traite d’une manière satirique la chosification de toute la société, y compris la poésie et la littérature, dans une perspective de quantification et d’efficacité commerciale.