Dans un récent article sur webmanagercenter intitulé “Le gouvernement tunisien a fait fonctionner la planche à billets“, nous avons écrit “le gouvernement, pour boucler le schéma de financement de 2016, financer les deux déficits jumeaux -déficit budgétaire et déficit courant (9% du PIB pour ce dernier)- et contourner, surtout, le report sine die du versement de la deuxième tranche (350 millions de dollars) du crédit (2,9 milliards de dollars) accordé, en mai 2016, par le FMI à la Tunisie, a dû faire tourner la planche à billet”.

L’expert financier Ezzeddine Saidane, dans deux post sur sa page facebook, vient de confirmer l’emballement de la planche à billets, enregistrant en peu de temps une accélération du refinancement des banques par la Banque Centrale de Tunisie.

9,030 MILLIARDS DE DINARS: LA PLANCHE A BILLETS S’EMBALLE

Le refinancement des banques par la Banque centrale (BCT) a atteint un nouveau record Vendredi 31 mars 2017 (voir site BCT www.bct.gov.tn). La Banque centrale a en effet refinancé les banques à hauteur de 9,030 milliards de dinars, le Vendredi 31 mars 2017. Il s’agit de dinars créés par la BCT ex-nihilo, c’est-à-dire à partir de rien. Une création monétaire qui ne correspond pas à une activité économique, qui ne correspond à aucune création de richesses. C’est la planche à billets qui fonctionne à fond, qui s’emballe et qui détériore tous les grands équilibres économiques et financiers de la Tunisie. C’est là la source de l’inflation structurelle, de la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen et de la baisse continue de la valeur du dinar. C’est là le résultat d’une gestion catastrophique de nos affaires économiques et financières.

Il faut rappeler à ce propos des questions importantes:

1- En 2010, le système bancaire tunisien avait un excédent de liquidités qui s’élevait à environ 1 milliard de dinars. Cet excédent a disparu et il a été remplacé par un besoin de liquidités injectées par la BCT. Ce besoin a augmenté de manière continue jusqu’à atteindre le niveau enregistré vendredi dernier.

2-La loi interdit à la BCT de financer directement le budget de l’État, ou de souscrire aux bons de trésor émis par l’État. Cette interdiction vise une gestion rationnelle et prudente des finances publiques. Mais la loi a été détournée. En effet, les banques financent le budget de l’État en souscrivant aux bons de trésor émis par l’État et elles se font refinancer par la BCT.

3- La BCT pousse les banques à souscrire aux bons de trésor en les obligeant à lui présenter des bons de trésor (dans une large proportion) à titre de garantie pour le refinancement demandé. La BCT finance de ce fait le budget de l’État?

4- Les salaires payés par l’État proviennent (en partie au moins) de cette création monétaire ex-nihilo. Jusqu’où ce système peut-il continuer?

5- Un mot pour l’UGTT: les augmentations de salaires que vous défendez avec acharnement se traduisent automatiquement par plus d’inflation. Ces augmentations de salaires sont plus qu’annulées par les augmentations de prix, et donc par la baisse du pouvoir d’achat et de la valeur du dinar.

6- Résultat de tout cela: en empruntant massivement aux banques, l’État évince les opérateurs économiques qui ne trouvent plus le financement nécessaire à leurs activités économiques. En outre, les banques (certaines banques au moins) se transforment en rentiers purs. En effet, elles prêtent à l’État en gagnant en moyenne 2%, sans frais de gestion et sans provisions!

CE MODE DE GESTION DE L’ÉCONOMIE TUNISIENNE ET DES FINANCES PUBLIQUES N’EST PAS SOUTENABLE. IL FAUT SAUVER NOTRE ÉCONOMIE. IL FAUT SAUVER NOTRE PAYS. C’EST URGENT – TRÈS URGENT. DES SOLUTIONS EXISTENT. DES SOLUTIONS ONT ÉTÉ PROPOSÉES.

9,369 MILLIARDS DE DINARS: LA PLANCHE À BILLETS S’EMBALLE…ENCORE PLUS VITE

À tous ceux qui ont commenté ou répondu à mon dernier statut sur ma page officielle avec des arguments faux et fallacieux, je vous prie de noter ce qui suit :

1- Le volume du refinancement de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) n’est plus de 9,03 milliards de dinars. Il est passé en moins d’une semaine à 9,369 milliards de Dinars (le 06 avril 2017 – voir www.bct.gov.tn ).

2- Le volume de refinancement de la BCT était à la même date l’année dernière, soit le 06 avril 2016, de 5,516 milliards de dinars. L’augmentation en une année est donc de 3,853 milliards de dinars ou 70%, oui je dis bien 70%. Tous ceux qui ont avancé des commentaires ou des explications fausses et fallacieuses devraient avoir le courage de revoir leurs commentaires et leurs explications.

3- Il s’agit donc bel et bien de création monétaire ex-nihilo (à partir de rien) et donc sans contrepartie économique. Nous avons là, par conséquent, une explication (partielle au moins) de l’inflation qui détruit les équilibres de l’économie tunisienne, et qui ronge la valeur du dinar.

4- Le premier pas sur la voie de la résolution d’un problème est de reconnaître d’abord qu’il y a un problème. Si nous continuons à subir sans agir, nos problèmes ne vont pas se résoudre d’eux-mêmes. Avancer de fausses explications est une manière criminelle d’enfoncer davantage notre économie et nos finances publiques, et privées d’ailleurs, dans une situation grave.

L’ENJEU EST TRÈS IMPORTANT. IL S’AGIT DE LA TUNISIE, DE SON ÉCONOMIE ET DE SA SOUVERAINETÉ.