Dans un entretien accordé par milliardaire Mo Ibrahim au quotidien marocain L’Economiste, ce dernier souligne parle de l’«indice Ibrahim», de bonne gouvernance, de prospérité, d’emplois en Afrique, mais aussi de grands écarts entre les Etats africains et des facteurs de fragilité.
En effet, à la question «votre fondation travaille particulièrement sur un indice qui mesure l’évolution de la gouvernance en Afrique. Quelles sont les évolutions constatées?», Mo Ibrahim a déclaré: «si la gouvernance en Afrique s’est améliorée au cours de la dernière décennie, on constate néanmoins un certain essoufflement depuis trois ans. En fait, l’Afrique est plurielle et ses pays n’évoluent pas au même rythme. Sur les 10 dernières années, le niveau de gouvernance globale pour l’ensemble du continent a augmenté d’un point mais avec des écarts très importants entre certains pays qui ont fortement progressé et d’autres qui enregistrent un déclin important. Le Maroc affiche par exemple la plus belle progression, en particulier dans la dimension développement économique durable. La Libye, en revanche, est le pays pour lequel cette dégradation a été la plus marquée; l’Afrique du Sud a aussi dégringolé. Nous devons continuer à progresser. Je suis convaincu du potentiel du continent africain, je le sais par expérience personnelle. Mais ce potentiel n’est pas encore délivré en raison d’un déficit de gouvernance et de leadership. D’où ma décision de construire et mettre à disposition des outils qui permettent de les mesurer et de les renforcer. Cet indice de gouvernance, c’est un tableau de bord qui permet à la société civile comme aux gouvernements eux-mêmes d’évaluer leurs progrès mais aussi de percevoir les clignotants pour mieux comprendre la situation».
Plus loin, on lui dit «vous êtes un homme d’affaires prospère et vous avez pris à bras-le-corps la lutte anticorruption. Pensez-vous ouvrir la voie à d’autres africains?» Voici sa réponse : «Je ne cherche pas à donner de leçons. Je ne fais que ce que ma conscience me dicte! En Afrique, il y a encore trop de pays ravagés par la famine. Envoyer des couvertures et des caisses de denrées ne résout rien. Il faut éradiquer le mal à la racine et agir sur les raisons qui créent ces situations de famine. Et croyez-moi, cela ne passe qu’à travers une bonne gouvernance…».
Lire ici l’interview