La coordination des doctorants et docteurs de l’Université El Manar a indiqué, lors d’un débat organisé lundi 10 avril 2017 à la Faculté des Sciences d’El Manar sur la réforme de la recherche scientifique, que 69% des titulaires de doctorat dont le nombre s’élève à 3.292 docteurs, sont au chômage.
Le nombre des doctorants s’élève quant à lui à 11.171 étudiants, a fait savoir la représentante de la coordination, Wided Galmami, ajoutant que le nombre des titulaires de doctorat a atteint 4.775 personnes. Ce nombre, a-t-elle dit, est susceptible d’augmenter faute de perspectives d’emploi, rappelant à cet égard, les mouvements de protestations observés, récemment dans plusieurs universités tunisiennes à l’instar des universités de Bizerte, Monastir et Gabes.
Elle a, dans ce contexte, cité la marche de protestation qui a été organisée le 13 mars dernier en direction de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) afin de revendiquer l’application de la loi relative aux chercheurs et l’amélioration de la situation des doctorants.
Galmami a, par ailleurs, appelé à la nécessité d’impliquer les docteurs dans la réforme du système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique engagée par le ministère, et ce, a-t-elle dit, dans l’objectif de mettre en place une réforme qui soit en phase avec la réalité de l’Université tunisienne et les exigences du marché de l’emploi.
Lors de ce débat, les représentants des doctorants et titulaires de doctorat ont été unanimes à souligné que le doctorat est devenu aujourd’hui une “malédiction” en Tunisie, en raison de plusieurs obstacles liés notamment à une mauvaise gouvernance et à l’absence d’une réelle volonté politique pour résoudre le problème de chômage.
Selon eux, cette “dure réalité” a entraîné la dégradation de la recherche scientifique et l’enseignement universitaire, le manque de rayonnement international de l’université tunisienne et l’augmentation du taux de chômage chez les titulaires de doctorat, outre la fuite des cerveaux.
En réaction aux interventions de ces chercheurs et docteurs, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’enseignement et de la recherche scientifique, Khalil Amiri a souligné que son département a mobilisé 5 millions de dinars afin de prendre en charge 80% du salaire des docteurs et doctorants qui intègrent un établissement public ou privé, pour une période d’une année renouvelable.
Il a, par ailleurs, estimé que le financement national de la recherche scientifique reste “insuffisant”, soulignant que son département s’emploie actuellement à développer la gouvernance, à améliorer la situation du chercheur et à faciliter les procédures bureaucratiques.