En Tunisie, les infrastructures et les services logistiques, notamment les services de transport maritime, se sont peu adoptés aux nouvelles tendances mondiales et demeurent relativement peu compétitifs, à cause de l’absence d’une politique cohérente régissant le secteur, révèlent les résultats préliminaires d’un rapport élaboré par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le ministère tunisien du Transport.
Intitulé “promouvoir l’investissement dans la chaîne logistique en Tunisie : le rôle des politiques publiques”, le rapport présenté, au cours d’un séminaire organisé mardi à Tunis, évoque les services de transport maritime de marchandises qui n’ont pu se moderniser, ce qui a conduit à une perte de compétitivité du pays dans le secteur de la logistique par rapport à d’autres pays émergents.
Selon le même document, le réseau de transport tunisien reste faiblement connecté aux pays voisins limitant ainsi le développement du commerce transfrontalier.
“L’infrastructure portuaire est capitale pour l’économie tunisienne et nécessite une modernisation immédiate”, soulignent les auteurs du rapport qui évoquent une détérioration de la qualité des infrastructures et services portuaires et maritimes.
Malgré ces faiblesses, précisent encore les auteurs du rapport, la Tunisie possède des avantages concurrentiels qui représentent une opportunité pour le développement des activités logistiques et peuvent permettre à ce pays de devenir un pôle logistique dans le Sud de la Méditerranée.
Au cours de son intervention, la directrice adjointe de la Direction des affaires financières et des entreprises à l’OCDE, Mathilde Mesnard, a estimé que les faiblesses du secteur ont eu des répercussions importantes sur la compétitivité de l’économie tunisienne, notamment, dans les secteurs clés à savoir la distribution, l’industrie et l’agriculture….
Cette situation, précise encore la responsable, est expliquée par le manque de coordination, l’absence de politiques cohérentes et le retard dans la mise en œuvre de certaines réformes.
Et d’ajouter que les entreprises tunisiennes et les investisseurs étrangers sont confrontés à certains obstacles au niveau des procédures administratives et réglementaires.
Il s’agit de certaines formalités douanières et des réglementations contraignantes qui freinent la rapidité des échanges et créent des coûts de transaction élevés, a-t-elle encore fait savoir.
Wissem Gaida Mahjoub, directeur général de la logistique et du transport multimodal, a affirmé que les résultats préliminaires de l’étude seront soumis à l’examen des différentes parties intervenantes afin de prendre en considération les recommandations concernant le cadre institutionnels, et ce, dans le cadre d’une approche participative.
Mahjoub a mis l’accent sur l’importance de mettre en place un cadre institutionnel complet qui permettra de définir les rôles et les responsabilités de chaque partie.
Ce cadre institutionnel permettra d’accélérer la réalisation des projets programmés, a-t-il avancé, rappelant que la Tunisie a accusé un retard en termes d’infrastructure logistique, notamment, celles relatives à la création de zones logistiques.
Il a dans le même cadre mis l’accent sur l’importance d’introduire des amendements juridiques visant à simplifier les procédures douanières et administratives.
Pour sa part, le ministre du transport Anis Ghdira a fait savoir que le secteur de la logistique, l’un des secteurs sur lequel le gouvernement a parié, fait face à plusieurs défaillances et ne contribue qu’à raison de 4,5% au PIB.
Il a ajouté que le coût de la logistique représente 20% du PIB dépassant ainsi la moyenne dans les pays émergents (15%).
La Tunisie est passée de la 61ème place en 2010, au 110ème rang en 2016, selon l’indice d’efficience logistique de la Banque mondiale (BM), a indiqué le ministre.
Il a rappelé que son département a mis en place une stratégie de développement de la logistique qui repose sur le développement de l’infrastructure logistique de base, l’organisation des métiers de la logistique et le développement des compétences, la maîtrise du flux des marchandises et la dynamisation de la coordination dans le domaine logistique.
La concrétisation de cette stratégie a accusé un retard à cause du manque enregistré au niveau de l’infrastructure, le cadre juridique inachevé, le système portuaire inadéquat et inefficient, l’insuffisance des compétences et la faiblesse de la coordination entre les différents intervenants.