J’aurais pu commencer ce papier par «il était une fois une filiale d’une grande gazelle qui fut complètement défigurée et quasi abandonnée par l’ancien régime qui l’a essorée jusqu’au dernier millime avant de la jeter comme un torchon, et mis plus de 250 personnes au chômage technique. Cette filiale d’une grande société qui dessert plusieurs pays voyait ses équipements rouiller sous l’œil indifférent de politicards au rabais qui passaient leur temps à hurler au nom d’une liberté d’expression dont ils ne connaissent que les décibels».
Pendant que tout ce beau monde gigotait, chacun à sa manière, en cherchant à faire le plus de tort au pays, la liste serait longue et même trop longue pour tous les citer -parmi les plus exaspérants ce soi-disant syndicaliste incompétent et analphabète qui veut faire sauter un ministre rien que parce que sa tête ne lui revient pas!–, il y a d’illustres inconnus qui travaillent sobrement loin de ce tintamarre pour faire redémarrer les structures anéanties par des vandales politiques.
Partir de presque rien, remettre en état les équipements, gérer l’ingérable, organiser l’impensable et mettre sur rails une machine essoufflée, tenir compte des réclamations d’un syndicat devenu insatiable, etc., ce n’est pas une sinécure. Mais envers et contre tout et tous, il réussit l’inimaginable, au bout d’une période relativement courte, à faire redémarrer une machine qui se mit à produire et faire du chiffre.
Celui qui a fait tout ça a réussi en moins de deux ans à redresser et redorer l’image d’une gazelle volante qui vous servait un sandwich minable dans un carton minable, réussit aujourd’hui à produire plus de 15.000 repas jours, et a même reconquis les marchés traditionnels et exporte du charismatique catering! Du coup, les chiffres suivent: plus de 40 millions de DT de CA pour une société exsangue il n’y a pas si longtemps.
Mais tout a une fin, l’âge de la retraite sonna et on demanda à ce grand monsieur de rentrer chez lui, sans tambours ni trompette. Les mauvaises langues prétendent qu’il aurait été remplacé par le cousin du voisin de la tante du ministre! Je parie qu’à partir de ce jour, ce dernier va bénéficier d’un service gratis de première classe avec des couverts en argent –sonnant et trébuchant.
Heureusement que la Tunisie compte encore beaucoup de ce genre de profils nationalistes et intègres qui ne cherchent que l’intérêt de leur pays et travaillent en silence sans que vous ne soyez exaspérés par leurs vociférations qui vous feraient dire «ça a mis à bout mes nerfs!».