Beaucoup de Tunisiens se sont félicités sur le moment de la proclamation et de l’adoption du «Pacte de Carthage» par les partis politiques et les organisations nationales ayant pris part à la deuxième phase du dialogue national, en 2016, qui a rendu possible la formation du gouvernement d’union nationale présidé par Youssef Chahed. Mais force est de constater, sept mois après la prise de fonction de la nouvelle équipe gouvernementale, que ce pacte est loin d’avoir apporté la solution miracle aux nombreux problèmes économiques et sociaux du pays.
Ce qui vaut au gouvernement de Youssef Chahed d’être accusé d’incapacité à tenir ses promesses. Mais pouvait-il les tenir? On peut se poser la question, surtout au vu du contenu du «Pacte de Carthage».
Dans ce texte signé le 13 juillet 2016, les organisations et les partis politiques signataires proclament vouloir «tracer une voie pour sortir de la crise que vit le pays en prélude à son entrée dans un nouveau cycle de développement ouvrant la porte de l’espoir à sa jeunesse».
Le texte énumère six objectifs à atteindre: gagner la guerre contre le terrorisme, accélérer le rythme de la croissance économique, lutter contre la corruption et instaurer les fondements de la bonne gouvernance, maîtriser les équilibres budgétaires, mettre une politique de la ville et des collectivités locales et améliorer l’efficacité de l’action gouvernementale, déclinés en plusieurs dizaines d’actions et de mesures.
Ces dispositions ont toutes la particularité d’être exclusivement imputées au seul gouvernement de Youssef Chahed. Comme si le chef du gouvernement maîtrisait de bout en bout et dans le moindre détail et avait le pouvoir de trancher, seul et comme il l’entend, tous les dossiers en suspens dans les différents domaines. Ce qui n’est évidemment pas le cas.
Pour cette raison, le Pacte de Carthage ne mérite pas son nom puisqu’il ne s’agit que d’«engagements» imposés au gouvernement de Youssef Chahed par les autres parties signataires sans aucune contrepartie ni contribution de la part de ces derniers. Notamment de la part de l’UGTT qui a, pourtant, une part de responsabilité non négligeable dans bon nombre des problèmes économiques et sociaux auxquels le pays est confronté.
Tout le monde le sait, les réformes les plus importantes concernent le secteur public –entreprises et fonction publique- dont l’organisation et le fonctionnement doivent être revus en profondeur, donc l’UGTT plus que les autres syndicales, car la centrale ouvrière historique y a son principal point d’ancrage. Autant dire qu’elle détient la clef de la réussite des réformes projetées. Or, la centrale syndicale ne semble nullement disposée à faciliter la tâche du gouvernement. Bien au contraire, elle donne l’impression de vouloir mettre son bâton dans la roue du locataire de La Kasbah. Ne vient-elle pas de clamer haut et fort qu’elle fera tout pour torpiller l’une des plus importantes réformes récemment adoptée et que le gouvernement s’apprête à mettre en œuvre, en l’occurrence le texte de loi sur le partenariat public-privé?