“Tous contre le travail des enfants en Tunisie”, c’est un projet qui s’inscrit dans le cadre du Programme national de lutte contre le travail des enfants (2015-2020). Lancé lundi 17 avril 2017 à Hammamet, il vise essentiellement à élaborer des plans pratiques au service programme national ainsi que ses mécanismes de suivi, d’exécution et d’évaluation.
Le lancement du projet a été annoncé sous forme d’ateliers de travail qui se poursuivront jusqu’au 20 courant sous la supervision du Comité de pilotage du programme national de lutte contre le travail des enfants. Il coïncide cette année avec la célébration de l’année nationale de l’enfance 2017, l’objectif étant de mettre en œuvre pour développer les stratégies de protection de l’enfance, la lutte contre le travail des mineurs et l’abandon scolaire précoce, en particulier pour les fillettes, exploitées ensuite comme aides-ménagères.
A cette occasion, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a déclaré que “la Tunisie nécessite une stratégie nationale complète, impliquant toutes les parties concernées et incluant l’ensemble des programmes et des politiques de protection de l’enfance”. Et que ces politiques doivent être fondées sur une stratégie commune de lutte contre la pauvreté et le travail des enfants ainsi que la protection de l’enfance délinquante et des catégories marginalisées.
100.000 abandons scolaires annuellement
Trabelsi a en outre expliqué que le phénomène du travail des enfants s’est aggravé au cours des dernières années. Les chiffres du ministère de l’Education révèlent que près de 100.000 élèves quittent chaque année les bancs de l’école vers un sort qui demeure inconnu, ce qui les expose à toutes les formes d’exploitation, dont le travail des mineurs.
Dans le cadre de ce projet, l’Institut national de la statistique (INS) a entamé une enquête nationale sur le travail des enfants basée sur un échantillon de 15 mille familles et dont les résultats seront publiés en septembre 2017. Elle permettra d’établir une base de données et de faciliter l’analyse-diagnostic de la situation afin d’établir les politiques adéquates contre ce fléau.
La ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Néziha Laabidi, dira pour sa part que les délégués à l’enfance reçoivent chaque année près de 9.500 signalements relatifs à l’enfance, y compris le travail des enfants et les agressions dont ils sont victimes.
L’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, Daniel Rubinstein, a souligné que le soutien apporté par son pays à ce projet part de la conviction commune de préserver les droits de l’enfant et de mettre en place des lois au service des intérêts des enfants et qui les protègent de toutes les formes de délinquance.
Les axes du programme
Quant à la coordinatrice générale du projet, Naïma Zaghdoudi, elle a affirmé que l’objectif principal de ce projet est d’appuyer le programme national de lutte contre le travail des enfants, lequel programme comporte trois axes majeurs, à savoir: renforcer la coopération interinstitutionnelle entre les appareils de l’Etat, les organisations et les composantes de la société civile; créer un système d’information sur ce phénomène, ses causes et ses dimensions; sensibiliser aux dangers de l’exploitation et du travail des enfants.
Ce projet, développé par le Bureau international du travail (BIT) en consultation avec le ministère des Affaires sociales, les organisations de travailleurs et d’employeurs, sera mis en œuvre grâce à un financement du Département Américain du travail (USDoL) de l’ordre de 3 millions de dinars.
Adhésion de la Tunisie aux conventions de l’ONU sur l’enfance
La Tunisie s’est engagée à lutter contre le travail des enfants en ratifiant la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (1989) en 1992; la Convention de l’OIT n°138 (1973) sur l’âge minimum d’accès à l’emploi en 1995; et la Convention de l’OIT n°182 (1999) sur les pires formes de travail des enfants en 2000.
Dans le cadre de ces engagements, la Tunisie a établi un cadre législatif et institutionnel pour la protection des enfants touchant la lutte contre le travail des enfants à travers la réforme du Code du Travail, l’élaboration d’un Code pour la Protection de l’Enfance, la loi sur l’éducation obligatoire et la législation en matière de promotion sociale. Cet engagement national a été réitéré dans la nouvelle Constitution de janvier 2014 qui stipule dans son article 47 que “le droit à la dignité, à la santé, aux soins, à l’éducation et à l’enseignement est garanti à l’enfant vis-à-vis de ses parents et de l’Etat”.