Dougga ou Thuga du temps des Romains, ce site archéologique berceau de nombreuses civilisations de l’époque des Numides, desRromains et des Byzantins jusqu’à arriver à celle des conquêtes arabo-musulmanes, a été inscrit, le 6 Décembre 1997, sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, en raison de la particularité de ses composantes architecturales, idéologiques et artistiques.
Le site archéologique de Dougga a fait l’objet d’un débat intitulé “Dougga, un patrimoine mondial”, organisée, mardi à Téboursouk, par l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle (AMVPPC), à l’occasion du démarrage de la 26ème édition du mois du patrimoine placée sous le thème “Le patrimoine: civilisation et développement”, en présence du ministre des affaires culturelles Mohamed Zine El Abidine.
Repenser et réformer les lois régissant le secteur du patrimoine dont l’Institut national du Patrimoine (INP) n’a pas les prérogatives requises pour y intervenir”, telle est l’idée partagée par tous les intervenants qui ont à cet effet recommandé de “créer des unités de gestion chargées de la valorisation des sites archéologiques afin qu’ils puissent devenir un véritable facteur de développement dans le pays et non un fardeau en terme de dépenses de l’Etat”.
Le débat a été également une occasion pour appeler à intensifier les campagnes de sensibilisation afin que les Tunisiens prennent conscience de l’importance du patrimoine dans la préservation de la mémoire nationale, soulignant la responsabilité partagée entre le citoyen et l’Etat dans la protection du patrimoine contre toute forme d’agression.
Parlant de spécificités propres au site de Dougga, le chercheur a tenu à mentionner que cette cité conserve toujours l’ensemble de ses caractéristiques architecturales et historiques, ce qui constitue un aspect unique par rapport aux autres sites archéologiques en Tunisie.
Selon ce chercheur, le monument le plus important sur le site de Dougga est, incontestablement, la tombe d’Atban, l’un des rois de Numidie, érigé dans la période numide. Ce monument de 21 mètres de hauteur et datant de 1500 avant JC, est composé de 30 tombeaux.
De son côté, Mustapha Khannoussi a tenu à rappeler que Dougga, qui a été la première capitale du royaume Berbère avant la ville algérienne de Constantine. L’entrée des romains n’a pas empêché la ville de garder son cachet architectural punique, ce qui remet en question les thèses sur une éventuelle transformation de Dougga en une cité purement romaine.
Les Romains avaient amélioré l’architecture de la place publique de la ville et lui ont attribué l’appellation “forum”, un lieu de rencontres pour les commerçants et les religieux et qui avait aussi une vocation commerciale, culturelle et politique. Malgré ces transformations, la ville a pu garder une partie de son héritage africain, a précisé le chercheur qui regrette aujourd’hui le manque d’intérêt suffisant pour la mise en valeur de ce site archéologique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis près de 20 ans.
Nabil Guellala, ancien directeur de l’INP, a évoqué l’importance du patrimoine mondial dans le développement durable local, se disant étonné de l’absence des sites tunisiens de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et ce depuis 1997.
Il a, dans ce sens, souligné que l’aménagement et la restauration des sites archéologiques sont parmi les conditions de la préservation de la valeur universelle exceptionnelle d’un site, faisant observer que le citoyen tout comme l”Etat n’accordent pas suffisamment d’importance à la préservation du patrimoine ce qui a, à son avis, contribué à “la multiplication des agressions sur le patrimoine culturel” selon ses dires.