L’Assemblée des représentants du peuple a adopté, lors d’une séance plénière tenue mercredi 19 courant, le projet de loi portant approbation du contrat de prêt conclu le 29 novembre 2016 entre le gouvernement tunisien et l’Institution allemande de crédit pour la reconstruction (KFW) en vue de financer le projet de construction d’une station de dessalement d’eau de mer à Zarat (gouvernorat de Gabès).
Le montant de ce prêt s’élève à 82 millions d’euros et sera remboursé sur 15 ans avec 5 années de grâce, à un taux d’intérêt fixe de 1,86%.
Le coût global du projet est estimé à 231,6 millions de dinars (96,5 millions d’euros). La participation de l’Etat tunisien s’élève à 14,5 millions d’euros destinés à couvrir la taxe sur la valeur ajoutée et les frais douaniers.
Ce projet sera réalisé par la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) dans l’objectif de couvrir les besoins en eau potable de 1,145 million d’habitants des gouvernorats de Gabès, Médenine et Tataouine, à l’horizon 2035. Il permettra également de faire face à la pénurie d’eau à travers le dessalement des eaux de mer et à atténuer la surexploitation des eaux souterraines.
Les principales composantes de ce projet consistent en la création d’une station de dessalement, d’une capacité de 50 000 m3/jour, (laquelle capacité pourrait être augmentée à 100 mille m3/jour à l’horizon 2017), de 3 réservoirs de stockage des eaux d’une capacité totale de 15 mille m3 et d’une station de pompage des eaux dessalées.
Lors de la discussion du projet de loi, le député Mohamed Rachedi s’est interrogé sur le programme du ministère de l’agriculture pour garantir l’approvisionnement en eau potable, face à la baisse du niveau des eaux dans les barrages et sur l’intention ou pas du ministère de récupérer les eaux des barrages rejetées dans la mer.
Le député Mohamed Zourig a de son coté, mis en garde, contre les risques environnementaux qui accompagneront la réalisation de ce projet et qui sont de nature à aggraver davantage la situation environnementale dans le Golfe de Gabès, insistant sur la nécessité d’impliquer, dans ce projet, toutes les délégations du Gouvernorat de Gabès, y compris celles qui disposent déjà de stations de dessalement, plaidant pour la création d’une direction régionale de l’agriculture qui sera chargée de faciliter les opérations de maintenance et de réhabilitation des stations de dessalement dans la région.
Pour sa part, Sameh Bouhaouala, a souligné la nécessité de créer des projets similaires dans d’autres régions à l’instar de Kerkennah, Djerba et Monastir, malgré les dangers qui peuvent en découler, en relation notamment avec la préservation de la faune marine du Golfe de Gabès. Bouhaouala s’est, par ailleurs, interrogée si le ministère a déjà élaboré une stratégie de valorisation des eaux dessalées.
Intervenant, le député Ahmed Seddik a critiqué la politique excessive d’endettement, insistant sur l’importance d’une bonne gouvernance du projet pour s’assurer du bon usage des montants contractés.
La députée Abir Abdelli a, quant à elle, demandé des éclairages sur la performance des comités régionaux d’eau chargés de contrôler l’approvisionnement en eau, et appelé à évaluer le rendement des périmètres irrigués avant de prendre la décision d’une éventuelle extension de ces périmètres.
Le secrétaire d’Etat aux ressources hydrauliques et à la pêche Abdallah Rabhi a souligné l’importance du dessalement des eaux, en tant que nouvelle solution pour satisfaire les besoins du pays en eau potable, d’autant plus que la moyenne par personne ne dépasse pas 464 mètres cubes par an, un volume en deçà de la moyenne de la rareté en eau (500 mètres cubes) ainsi que la moyenne du manque d’eau (1000 mètres cubes).
Il a indiqué, dans sa réponse aux interventions des députés, que dans certaines régions, le dessalement des eaux de la mer coûte moins cher que la transformation ou son adduction à partir d’autres régions, ajoutant que 230 mille habitants sont alimentés actuellement à travers les eaux dessalées.
Le secrétaire d’Etat a mis l’accent sur l’amélioration de la situation de l’approvisionnement en eau potable au cours de la prochaine saison estivale, indiquant que les problématiques liées à la coupure d’eau dans certains gouvernorats notamment Gafsa, Siliana et Kef seront surmontées.
Il a souligné la mise en place d’une stratégie pour résoudre les problématiques des associations d’intérêt commun, notamment en matière de gouvernance, de reddition et d’agressions des réseaux de distribution d’eau ainsi que les difficultés financières et le non recouvrement des factures d’eau.