“La privatisation des banques publiques tunisiennes est une mesure inévitable, comme c’est le cas dans l’ensemble des pays développés”. Ces propos sont ceux du président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), Ahmed El Karm, pour qui l’Etat dispose d’autres mécanismes qui peuvent lui permettre d’intervenir sur le marché efficacement, dont la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui sert à élaborer des stratégies financières à travers l’orientation des fonds publics et aussi l’épargne nationale vers des secteurs bien précis.
Intervenant, jeudi 20 courant, lors d’une conférence sur l'”Economie et le système bancaire”, El Karm a relevé qu’en cas de privatisation de banques publiques (BNA, BH et STB), l’Etat continuera, sans aucun problème, à appuyer les sociétés publiques, et ce en présentant sa garantie, pour que ces sociétés puissent bénéficier des crédits de financement.
Privilégie le capital national…
Par ailleurs, il a écarté le risque de licenciement des employés de ces institutions financières, en cas de privatisation. “L’expérience nous a prouvé le contraire. Toutes les banques qui ont été privatisée ont réussi à élargir leurs activités et se sont retrouvées dans le besoin de recruter de nouveaux cadres”.
Toutefois, “même après privatisation, ces banques doivent poursuivre leur rôle en tant que pilier de l’économie nationale, ainsi il faut que la cession des parts de l’Etat soit faite au profit du capital national”, a-t-il recommandé.
Habib Karouli: oui à la privatisation des 2 banques publiques…
De son côté, le président de la Banque d’Affaires de Tunisie, Habib Karouli, a estimé que l’Etat doit privatiser la BNA et la BH et aussi se désengager de ses participations minoritaires dans le capital d’un nombre de banques, rappelant qu’on dénombre 15 banques sur un total de 22 (opérant en Tunisie), où l’Etat dispose d’actions.
“En ce qui concerne la STB, je pense qu’on doit la maintenir sous la tutelle de l’Etat, pour que ce dernier puisse avoir un bras financier propre à lui, qui lui permette de mettre en exécution ses politiques”, a-t-il jugé.
Ghazi Boulila: Maintien des banques publiques dans le giron de l’Etat
Quant à Ghazi Boulila, membre du conseil d’administration de la STB, il est contre le recours à la privatisation des trois banques publiques, expliquant que ces institutions ont affiché des résultats positifs cette année et qu’elles adhèrent bien aux business plans établis lors de leur recapitalisation.
Toutefois, le responsable a appelé à définir une mesure adéquate pour alléger le fardeau des dettes touristiques, qui représentent 60% des créances classées de la STB.
Prendre conscience de la gravité de la situation
Evoquant la crise économique actuelle, l’ancien ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane, a expliqué que cette crise est due essentiellement à un problème de déficit des finances publiques aggravé par une instabilité politique, des mouvements sociaux qui ont frappé des secteurs stratégiques (phosphates…) et également le problème du terrorisme qui a frappé de plein fouet les secteurs du tourisme et du transport international.
Afin de faire face à cette situation, il faut avoir conscience de la gravité de la situation, dresser un diagnostic adéquat de cette crise, et surtout mettre en place un “deal” (compromis) entre tous les acteurs économiques et sociaux. Il a averti que “si la situation continue de la sorte, ce sera le chaos dans notre pays”.
Valeur du dinar = santé de l’économie…
En ce qui concerne le phénomène de la dépréciation du dinar, les experts et responsables présents à cette conférence ont été unanimes à déclarer que la valeur du dinar n’est autre que le miroir de “la santé de notre économie”.
D’après eux, le rétablissement du dinar tunisien dépendra des mesures à prendre, notamment en termes de consolidation des exportations, de réduction des importations et d’incitation à l’investissement.