“En dépit des sévices et de la répression que le Mouvement Ennahdha et ses partisans avaient subis avant la révolution, ils appuient pourtant la réconciliation globale”, a affirmé jeudi Yamina Zoghlami, députée du Mouvement Ennahdha et membre de la Commission des martyrs et blessés de la révolution et de mise en application de la loi sur l’amnistie générale et la justice transitionnelle.
“Les députés du Mouvement Ennahdha ne tolèrent point le passage d’une loi qui s’oppose au texte de la Constitution ou qui risque de compromettre le processus de la justice transitionnelle ou de blanchir la corruption”, a-t-elle assuré lors d’une conférence organisée par le Forum politique et économique sur le projet de la réconciliation économique.
“Le projet de loi sur la réconciliation économique ne peut être adopté qu’après amendement de son premier article”, a-t-elle souligné, faisant remarquer que les députés vont avancer des propositions pour modifier les dispositions inconstitutionnelles de ce projet de loi.
Le projet de loi sur la réconciliation économique ne risque pas d’interférer dans le travail de l’Instance “Vérité et Dignité”, a, de son côté, tenu à préciser le dirigeant au Mouvement Nidaa Tounes, Wissem Saïdi.
“Le processus de réconciliation économique commence par l’aveu du crime et la demande du pardon tout en passant par la réconciliation, jusqu’à la réconciliation définitive entre les deux parties”, a-t-il expliqué.
Présent à ce forum, Charfeddine Kellil, activiste dans la campagne “Je ne pardonnerai pas”, s’est dit opposé au projet de loi sur la réconciliation économique dans ses deux premières versions, dans la mesure où il vient violer le texte de la Constitution, le système de justice transitionnelle et les engagements internationaux de la Tunisie.
“Ce projet de loi a été rejeté par les plus grandes organisations internationales”, a-t-il lancé, jugeant, à ce propos, indispensable de respecter les principes de la justice transitionnelle.
Le président de la commission d’arbitrage et de réconciliation à l’Instance Vérité et Dignité, Khaled Kerichi a regretté de se voir exclue de la discussion et de l’examen du projet de loi sur la réconciliation économique. Il s’agit là , selon lui, d’une “erreur morale”.
“La deuxième mouture du projet de loi vient considérablement compromettre le processus de la justice transitionnelle”, a-t-il dit. “Elle est plus compromettante que la précédente “, a-t-il laissé entendre.
Ce projet ne fait qu’entraver le projet de réconciliation en Tunisie et compromettre les différents mécanismes de l’Instance Vérité et Dignité, a-t-il lancé.