Est-ce la rectitude, l’intégrité et la droiture de Youssef Chahed qui dérangent? Ce jeune homme a-t-il été choisi pour être chef de gouvernement dans un moment critique de l’histoire de la Tunisie pour embellir l’image des partisans du consensus toxique ou pour en faire un bouc émissaire?
Youssef Chahed, qui a accepté la lourde responsabilité de prendre en main la gestion d’un pays en pleine tourmente, n’a pas derrière lui 30 ans d’expérience politique ou de gestion des affaires de l’Etat. Alors pourquoi l’avoir choisi si c’est pour l’offrir en pâture aux activistes corrompus et nocifs de son propre parti et à ceux qui ont signé hypocritement à Carthage un pacte qu’ils n’allaient pas respecter?
Ce qui s’est passé dans la journée du jeudi 27 avril à Tataouine n’a pas touché la personne du chef du gouvernement mais l’Etat.
Quand une bande de prétendus militants pour les droits socioéconomiques de la région scandent «dégage», ils s’adressent à l’Etat et humilient l’Etat et non la personne de Youssef Chahed. Quand ils empêchent les provisions de parvenir aux champs pétroliers de Nawara, de Dhiba où on a fermé les robinets d’eau pour bloquer la production du pétrole et à El Borma pour affamer les travailleurs et les pousser au départ, cela s’appelle du grand banditisme.
Les initiateurs de ces actions devraient être arrêtés et jugés, mais le gouverneur de Tataouine laisse faire. Et ce matin (vendredi 28 avril), ces hordes d’individus ont braillé leur joie lorsqu’ils ont vu les employés partir.
La première des choses que ces énergumènes auraient dû apprendre est celle de respecter le drapeau national qu’ils ont menacé de remplacer par un autre. Mais leurs formateurs leur ont appris les rituels des sectes et les pratiques des anarchistes destructeurs. Des individus issus des courants islamistes, Al Harak, Wafa et même de l’extrême gauche, selon nombre de témoignages.
Et pourtant, le chef du gouvernement a eu le courage de se déplacer dans une zone où des contrebandiers font la loi et où les représentants des organisations patronales signent des manifestes soutenant les revendications calamiteuses d’illuminés payés, ou en mission commandée. L’UTICA et la CONECT auraient mieux fait de geler les adhésions de ces affairistes au lieu de s’en démarquer sans prendre à leur encontre de réelles sanctions.
C’est un Youssef Chahed presqu’abandonné de tous qui a tenu bon à se déplacer dans une zone «enflammée» à dessein et à affronter, dans un face à face inadmissible, l’hostilité de manifestants d’ores et déjà préparés à rejeter toutes les solutions et tous les plans de développement pour leur région.
64 mesures qui font de Tataouine la région qui profite le plus de l’investissement public dans le plan de développement 2016/2020 avec 4.500 dinars par tête d’habitant, alors qu’à Tunis, cela ne dépasse pas 1.200 dinars par tête d’habitant.
What else? Les «Révolutionnaires» sont entrés dans une logique de racket de l’Etat en exigeant 20% des productions des hydrocarbures. Les «mecs» veulent devenir les rentiers du pétrole comme leurs homologues dans les pays du Golfe ou en Libye, mais cette litanie doit être, bien entendu, customisée par les mots clichés «marginalisation», régions abandonnées, “hogra“, etc.
Ceux qui revendiquent leur droit au développement n’empêchent pas les autres de travailler, ne bloquent pas les sites de production, ne renient pas le drapeau national, n’insultent pas l’Etat et ne lancent pas des cris de joie lorsqu’ils ont délogé les employés de leur travail après les avoir affamés.
A Tataouine, certains préfèrent la “Kharbga“ au boulot
Des extraits du témoignage ci-après d’un certain N.B qui a vécu à Tataouine entre 2004 et 2007 prouvent par A+B que, malheureusement, la valeur travail n’est pas celle qui prime dans cette zone du pays et encore moins celle de la persévérance et de l’engagement pour un développement réel.
Un héritage culturel malheureusement pas très reluisant nourri par des politiciens véreux et les mafias de la contrebande transnationale. «J’ai travaillé 3 ans à Tataouine entre 2004 et 2007, témoigne N.B, dans le réaménagement d’un Ksar (le plus grand) pour en faire en hôtel, un restaurant, un musée et un parcours touristique. J’y ai été chef chantier, directeur, chef cuisinier, commercial, gérant, guide, formateur, organisateur… et j’ai côtoyé de très près les jeunes, les chômeurs, les ouvriers, les artisans, les professionnels, les cadres, les commerçants et les autorités. Là-bas, nous sommes sur une autre planète… Il y a de quoi écrire un livre sur la mentalité, le manque d’esprit d’entreprise, les femmes, “El kontra“ et le fric monstre qui remplit des comptes bancaires… Le but ultime des jeunes et moins jeunes est “el h7arga”. Ils refusent un boulot à 30 Dt/jour, les milliers de traine-savates qui vivent de virements de leurs parents à l’étranger et qui refusent de bosser… la frustration sexuelle de tous les jeunes qui doivent déjà à la sortie des lycées, se diviser par trottoir -file pour les garçons et file pour les jeunes filles. Les hommes qui boivent du vin avec moi et lesquels, le lendemain, ne me disent même pas bonjour car je tiens un bar et cela risquait d’éveiller les soupçons. Les jeune qui préfèrent se camer au hachich car incolore inodore face aux parents… La fille qui bossait “fil Soug” (centre-ville) que j’avais recrutée et que le 3omda m’avait conseillé de renvoyer parce que c’est une “femme de petites mœurs qui tenait un taxiphone“ (sic). Le marché où seuls les hommes font les courses et emplettes car une femme qui y va est très mal vue et vite taxée de “garce“. Le menuisier à qui tu commandes en janvier 2.300 chaises pour le mois août et qui te dit “je ne dispose pas des équipements nécessaires“, et à qui tu rétorques “je te subventionne l’équipement et tu le déduiras des factures“ et qui te réponds : “non, si… l’été est sur les portes, nos compatriotes rentreront de l’étranger et j’aurais plein de boulot“. Quant au mois d’août, ce même menuisier voit passer les camions chargés de chaises et tables venues d’ailleurs, il va se plaindre au omda “pourquoi ils n’ont pas travaillé chez moi?“ alors que pendant 8 mois durant il tapait tous les jours la “Kharbga“ devant son atelier en sirotant le thé et en travaillant 30 minutes par jour… Ceci dit, j’ai aussi vécu là-bas aussi énormément de bons et de rencontres et échanges formidables avec les Tataouinis».
Tataouine a besoin d’une révolution culturelle qui doit être portée par ses propres enfants non pas dans une logique destructrice mais réformatrice et agissante pour changer les mentalités. On ne peut pas systématiquement accuser tous les autres de nos maux. Il faut que cela cesse et que chacun assume ses responsabilités au niveau local. Il ne revient pas à l’Etat de tout assurer si ce n’est l’implantation des infrastructures et la mise en place de locomotives économiques.
Youssef Chahed a osé s’y déplacer, il ne s’attendait certainement pas à un accueil aussi hostile de la part de jeunes montés à cran et qui se croient tout permis! L’Etat doit reprendre ses droits et son autorité partout sur le territoire national et que ceux en infraction avec la loi soient sanctionnés. L’Etat n’a pas à se déplacer à chaque fois qu’on le sonne. Après tout, dans les quartiers pauvres du Grand Tunis, on ne vit pas mieux qu’à Tataouine ou ailleurs.
Et dans tout cela, où est le président de la République, garant de l’unité nationale et de l’autorité de l’Etat?
Trop, c’est trop!