“La grande priorité, aujourd’hui pour la Tunisie, est d’assurer la relance rapide des investissements, et ce en débloquant les grands projets déjà existants et dont les financements ont été mobilisés auparavant”. C’est ce qu’estime l’ancien ministre de Finances, Hakim Ben Hammouda, qui s’exprimait, vendredi 28 avril 2017, au cours d’une rencontre organisée par le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD), sur le thème “Relance économique: entre mesures d’urgence et réformes structurelles”.
Pour Ben Hammouda, ces projets doivent faire l’objet d’un intérêt particulier du chef du gouvernement qui “doit chapeauter et suivre, lui-même, le processus de réalisation de ces projets, lesquels, une fois mis en œuvre, permettront de booster la croissance et de créer de l’emploi”.
Dans son analyse de la situation économique du pays, il semble convaincu que la Tunisie souffre essentiellement ” d’un déficit d’action et d’exécution”, mais aussi d’absence de vision claire sur le long terme pour la Tunisie de demain. Car, il ne suffit pas de concevoir les réformes, mais il faut mobiliser tous les moyens pour les finaliser et favoriser un climat adéquat pour la relance économique.
De toute évidence, l’ancien ministre des Finances estime que la Tunisie manque de grands projets à long terme -de 20-30 ans.
Quant au conseiller auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Eymen Raies, répondant en quelque sorte à ce reproche lancé par Hakim Ben Hammouda, il a pointé du doigt la lenteur des procédures administratives en Tunisie, faisant savoir qu’un projet public nécessite, en moyenne, une période de 2 ans à partir de la date d’octroi de financement, pour son lancement. Lorsqu’il s’agit d’un projet privé, a-t-il ajouté, il faut, en moyenne, 18 mois, rien que pour l’obtention des autorisations administratives qui doivent être délivrées par 5 pu 7 ministères.
De ce point de vue, l’adoption de la loi sur l’urgence économique est à même de permettre une accélération des procédures de la mise en oeuvre de nouveaux projets et de favoriser la relance des investissements, pense-t-il.
Toujours dans son intervention, Ben Hammouda a affirmé que le chef du gouvernement a toujours la possibilité de faire passer les projets de lois en priorité à l’Assemblée. Ce qui est faux, car il y a quelques jours, des députés ont accusé le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, de privilégier les projets de lois présentés par le gouvernement, ce que ce dernier a été obligé de démentir, par communiqué.
Fadhel Ben Omrane, membre de la Commission des finances à l’ARP, dira qu’en attendant l’adoption de la loi sur l’urgence économique, les investisseurs peuvent s’en sortir en s’appuyant sur les nouvelles dispositions de la loi sur l’investissement.
L’avantage de cette loi c’est de permettre au chef du gouvernement de prendre de décisions économiques immédiates en faveur des investisseurs sans passer par le Parlement. Et s’il devait y avoir contrôle, celui-ci se ferait a posteriori.
Il a, toutefois, critiqué “l’excès” et le “dérapage” du syndicalisme, qui s’est transformé, à son tour, à un obstacle bloquant la relance économique en Tunisie.