Le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables compte conclure deux accords de prospection dans le gouvernorat de Tataouine et préparer des plans de développement pour 4 permis d’exploitation dans la région. C’est ce qu’a affirmé Hela Cheikhrouhou, ministre de l’Energie, dans une interview accordée à l’agence TAP.
Ces projets sont de nature à offrir de nouveaux emplois aux enfants de la région qui mènent depuis quelques semaines un mouvement de protestation qui a affecté la production des hydrocarbures dans les champs pétroliers de la région, dit-elle.
Le secteur des hydrocarbures en général a perdu 1800 emplois durant les six dernières années en raison des mouvements de protestation, de l’absence de visibilité et de la fluctuation des prix du pétrole.
Interrogée sur les mesures qui seront prises par son département au profit du gouvernorat de Tataouine, Hela Cheikhrouhou a répondu que la création de nouveaux emplois dans le secteur des hydrocarbures nécessite la réalisation des investissements et la conclusion de nouveaux accords pétroliers alors qu’aucun permis de prospection ou accord pétrolier n’a été signé depuis 4 ans.
Selon elle, l’adoption du nouveau code des hydrocarbures et son adaptation à l’article 13 de la nouvelle Constitution, l’investissement peut reprendre à un rythme normal dans ce secteur. A cet égard, le ministère procédera prochainement à la conclusion de deux nouveaux accords relatifs aux permis “Douiret” et “Borj Khadra”, et la préparation des plans de développement de 4 permis d’exploitation à Tataouine après leur adoption par l’ARP.
A la question “Quel est le rôle assigné aux sociétés pétrolières actives à Tataouine?”, la ministre indique que “les compagnies pétrolières implantées dans le gouvernorat de Tataouine jouent un rôle important dans le renforcement du budget de l’Etat, d’autant plus que 70 à 80% de leurs ressources sont destinées aux finances publiques”. Et d’ajouter: “en matière d’emploi au sein des sociétés pétrolières et des sociétés de services pétroliers implantées dans la région, les jeunes du gouvernorat de Tataouine sont prioritaires…”.
A propos du gypse dans le sous-sol de Tataouine, Cheikhrouhou assure que cela constitue une bonne chose pour le futur de la Tunisie, d’autant plus que les pays développés utilisent de plus en plus le gypse dans la construction pour remplacer le ciment, la brique et autres. Ce secteur revêt, également, une importance au niveau de la rationalisation de la consommation de l’énergie
“Trouver un consensus entre les habitants de Tataouine et les investisseurs est primordial afin de booster les investissements et permettre à ce secteur de retrouver sa dynamique.
Il est aussi essentiel de trouver des solutions aux dossiers fonciers qui constituent la cause essentielle du blocage des projets d’exploitation du plâtre de la région”, estime la ministre des Mines.
Dans ce cadre, elle souligne que “les permis qui n’ont pas été concrétisés seront repris afin des les octroyés à des nouveaux investisseurs beaucoup plus sérieux et bénéficiant des capacités financières et techniques leur permettant de finir les travaux”.
A propos des critiques lancées par certains partis politiques concernant la mauvaise gestion des ressources énergétiques du pays, Hela Cheikhrouhou a déclaré qu'”au cours du mois de mai, le Fonds d’appui à la transition démocratique, créé dans le cadre du partenariat de Deauville (sous la présidence de la Banque mondiale (BM)), examinera une demande d’octroi d’un don à la Tunisie, afin de permettre au ministère de l’énergie de lancer le programme de mise en place du système de gouvernance du secteur ainsi que sa restructuration. Il s’agit également d’examiner la législation régissant le secteur des hydrocarbures”.
Concernant le programme de gouvernance du secteur, la ministre explique que celle-ci “s’appuie principalement sur la mise en place d’un nouveau code des hydrocarbures qui comportera les meilleures pratiques internationales en la matière, en conformité avec tous les articles de la Constitution et pas seulement l’article 13”.
“Il s’agit également de fixer le rôle de l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP) dans le secteur et sa restructuration pour qu’elle puisse jouer son rôle et réaliser certains projets, tout en séparant entre son rôle d’investisseur et celui de gestionnaire des biens de l’Etat”…
Interrogée sur le retard enregistré en Tunisie dans la réalisation des grands projets tels que “Desertec”, elle a répondu: “Nous avons enregistré un progrès remarquable dans les énergies renouvelables au niveau législatif et institutionnel. N’importe quel consommateur peut actuellement produire l’électricité à partir des énergies renouvelables. Je tiens à rappeler que 21 projets de consommation ont été adoptés durant les dernières semaines par la commission supérieure de la production privée de l’électricité créée en vertu de la loi 12/2015. Cette commission a publié les décisions ministérielles relatives aux contrats pilotes qui définit la relation entre l’auto-producteur et la STEG”.
“Quant au projet Desertec, dit-elle, il s’agit d’un groupe d’entreprises européennes qui ont encouragé à un certain moment la production de l’électricité à partir de l’énergie solaire afin de l’exporter vers l’Europe, mais elles n’ont aucun rapport avec les projets réalisés dans la région. Grâce à l’adoption d’un cadre législatif favorisant l’investissement dans ce domaine, tous les investisseurs tunisiens et étrangers y compris Désertec sont appelés à investir”.
Plus loin, elle rappelle que “le ministère a en outre préparé le plan national de production d’électricité à partir des énergies renouvelables (2021- 2025) avec au programme l’installation d’une capacité de production supplémentaire de 1250 mégawatts, sachant que la stratégie nationale de production des énergies élaborée par le ministère prévoit de porter l’électricité produite à partir des énergies renouvelable à 30%”…