“Le développement de la robotique en Tunisie reste timide avec seulement deux sociétés qui en sont spécialisées, à savoir Enova Robotics et EPAC Technologies, malgré la croissance forte de ce système de par le monde”, regrette Ibrahim Jlassi, président du Club robotique de Menzel Temime.
Invité à la 4ème conférence internationale sur l’e-gouvernance EGOV 2017 organisée, du 28 au 30 avril 2017 à Hammamet par l’association TMSS, sur le thème “Villes intelligentes et systèmes d’information”, pour témoigner de l’expérience de son Club, il s’est en revanche félicité de l’intérêt porté à la robotique dans le milieu universitaire, avec plus d’une quarantaine de clubs actifs dans ce domaine qui organisent régulièrement des formations, des ateliers de robotique et des événements nationaux visant à stimuler l’esprit de compétition et à attirer les jeunes vers ce domaine. “Toutefois, les choses ne doivent pas s’arrêter là, l’incubation de ces jeunes et plus que nécessaire pour donner à ce domaine la chance de se développer”, a-t-il lancé.
Jlassi a aussi épinglé le désintérêt de la société civile par rapport à la robotique. Un désintérêt qu’il impute au manque d’expertise et d’encadrement ainsi qu’à l’absence d’une culture robotique.
S’agissant de son club, créé en 2015, Jlassi a fait savoir “qu’il compte aujourd’hui 50 membres et vise essentiellement à ancrer la culture de la réalisation scientifique chez les jeunes tunisiens, à travers les sessions de formations, des campagnes de sensibilisation et des ateliers dans les lycées et les écoles, mais aussi à travers des événements nationaux à l’instar de Summer Robot dont la troisième édition se tiendra les 5 et 6 août à Menzel Temime. Club robotique de Menzel Temime vise aussi à cultiver l’esprit d’entrepreneuriat en encourageant les jeunes à convertir leurs idées en robotique en projets réels et en promouvant les projets start-up dans ce domaine”.
Parmi les projets réalisés par ce club figurent, toujours selon son président ” la création d’une dizaine de robots pour les compétitions, de deux drones, de deux bras robotisés, d’un système robotique de prévention routière, d’une poubelle intelligente…”.
Les difficultés qui s’opposent à ce genre d’activités, sont, selon Jelassi, principalement financière liées à la cherté des équipements, au manque de matériel de prototypage et à la réticence à sponsoriser ce genre de projets.
Cadrant avec l’objet du séminaire, Jelassi estime que “la robotique serait un excellent outil au service de l’e-gov, si volonté il y a de la développer. Une volonté qui ne se manifeste aujourd’hui pas malheureusement”.
Enova Robotics, un potentiel ignoré par les autorités tunisiennes
Adhérant à ce constat, Anis Sahbani, fondateur et président directeur général d’Enova Robotics, a souligné que “la Tunisie dispose dans le domaine de la robotique d’un grand potentiel mal exploité, pour diverses raisons liées à la gouvernance, au cadre législatif, à l’absence de volonté de faire bouger les choses…”.
Traçant les 25 ans de l’histoire de la robotique à l’échelle internationale, Sahbani a précisé que “ce domaine a commencé à enregistrer un vrai boom à partir de la fin des années 90 pour se transformer aujourd’hui, en un vrai vecteur de progrès”.
S’agissant de sa société, Enova Robotics, créée en juillet 2014 et totalement exportatrice, Sahbani a fait savoir que ” le premier robot réalisé par cette société est un robot destiné à l’enseignement et à la recherche. Il a ainsi été, principalement, exporté vers les centres de recherches. Mais Enova Robotics est plus connue par son deuxième robot destiné à la sécurité et à la détection des intrusions sur les sites industriels, commercialisé depuis 2015. La société se prépare également à lancer, en 2017, un troisième robot dédié à la sécurité domicile, (détection de gaz, d’incendie,…) “.
L’une des raisons pour lesquelles Enova Robotics est totalement orientée vers l’export c’est, selon son président, l’indifférence des autorités tunisiennes face à ses demandes répétitives de venir explorer ses réalisations contrairement à ses clients étrangers qui manifestent un réel intérêt à la moindre innovation “.
Il est à noter, qu’un Robot, tel que défini par les deux intervenants est ” un système mécatronique multifonctionnel programmable capable de réaliser des taches variées de manière autonome”.
L’engouement pour les robots, à l’échelle internationale s’explique par leur capacité à réduire les coûts de production, à accomplir les taches répétitives et les taches dangereuses mais aussi à s’adapter facilement à l’intelligence artificielle.