L’augmentation du taux d’intérêt directeur décidée par la Banque centrale de Tunisie (BCT) était nécessaire pour la Tunisie afin de minimiser les dangers de la hausse du niveau de l’inflation, a indiqué le directeur de la direction du Moyen Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Asie centrale, au Fond monétaire international (FMI) Jihad Azour.
” La Tunisie est appelée à améliorer le climat des affaires et à favoriser le secteur privé, notamment les petites et moyennes entreprises afin de créer de l’emploi “, a-t-il relevé, dans une interview téléphonique accordée à l’Agence TAP, en marge de la présentation du rapport du FMI, mardi, à Dubai, sur les perspectives de l’économie régionale dans la région du Moyen Orient, de l’Afrique du Nord et Afghanistan-Pakistan.
Question: La BCT a augmenté le taux d’intérêt directeur de 50 points de base aux fins de maîtriser le cours du dinar qui a chuté, aux plus bas niveaux historiques et de lutter contre le déficit commercial. Pensez-vous que cette mesure est suffisante pour atteindre ces objectifs ?
Réponse : Cette mesure est une partie d’un système de réformes économiques, financières et monétaires dont l’objectif est l’amélioration du niveau du déficit et l’augmentation de la croissance pour créer des emplois
Certes, l’augmentation partielle du taux d’intérêt directeur était nécessaire afin de minimiser les dangers de la hausse de l’inflation, causée, en partie, par l’augmentation des salaires et la dépréciation du cours du dinar.
Le plus important est de poursuivre une politique de réforme financière permettant d’améliorer le niveau de la croissance, de réaliser le plus haut niveau d’investissement et de maîtriser le dossier social.
En outre, l’autre dimension du système de la réforme est celle relative aux réformes structurelles à même de favoriser le secteur privé afin d’en faire la locomotive principale de la croissance et de l’emploi, notamment au profit des jeunes.
Q : Ne pensez-vous que cette mesure est susceptible d’augmenter le coût de l’investissement ?
R : Cette mesure permet principalement de maîtriser l’inflation qui a un impact négatif sur l’économie et la situation sociale, d’où l’impératif d’identifier un équilibre dans les politiques adoptées, d’utiliser tous les moyens disponibles dans la région et de préserver la stabilité, outre la garantie d’un plus grand appui à l’opération de relance de l’économie.
Q:L’accord avec la Tunisie au niveau des experts concernant la première revue a eu un impact positif sur les différents bailleurs de fonds de la Tunisie qui ont avalisé leurs engagements au profit du pays. Quand sera décaissée la prochaine tranche au profit de la Tunisie et sera-t-elle ajoutée à celle qui aurait due être versée au mois de décembre?
R:Vous savez que le bureau exécutif du Fonds examinera lors de sa réunion, programmée en principe au début du mois de juin prochain, la révision effectuée par l’équipe du FMI en Tunisie, si cette dernière est approuvée par ledit bureau, il sera procédé au versement de la deuxième tranche du crédit.
Comme ont le sait le programme du FMI s’élève à 2,9 milliards de dollars qui seront versés sur six tranches jusqu’en 2020.
Q:Les régions intérieures de la Tunisie connaissent de larges mouvements sociaux demandant l’emploi et le développement. Quelle est selon vous la politique que la Tunisie doit adopter pour répondre aux protestations de ces catégories face surtout aux peu de moyens disponibles?
R:Les demandes actuelles en Tunisie sont dues au fort taux de chômage, notamment parmi les jeunes. Il est certain que les politiques initiées à travers le programme du Fonds ont plusieurs priorités, la première consiste en la préservation de la stabilité et la seconde en la transformation des dépenses publiques en contribution, à travers les investissements publics, dans l’amélioration de l’infrastructure de base susceptible de développer le secteur privé dans toutes les régions.
Je rappelle que les réformes structurelles énoncées dans le programme financé par le Fonds visent à améliorer le climat général des affaires et à faire occuper une plus grande place au secteur privé, notamment les petites et moyennes entreprises, en vue de la création d’emplois.
Q:Le Fonds prévoit une croissance de 2,5% en Tunisie, ne pensez-vous pas que ce taux est quelque peu ambitieux vu les difficultés auxquelles l’économie tunisienne est confrontée au plan de l’intensification de l’investissement?
R:Le taux de croissance prévu pour la Tunisie en 2017 sera de 2,3% et repose sur l’évaluation des équipes du Fonds lors de leur dernière visite en Tunisie du 7 au 18 avril 2017. Ce taux devrait passer progressivement à 3,5% et cette amélioration reflétera les réformes structurelles et la capacité du secteur privé à redevenir la locomotive du développement.
Q:Pour ce qui est de la région MENA, quelles sont les prévisions du Fonds s’agissant de la croissance?
R:Les prévisions de la croissance pour 2017 se sont améliorées concernant la région MENA, cela s’explique en premier lieu par l’amélioration des prévisions de croissance pour l’économie mondiale et traduit également la hausse des prix du pétrole de 42 dollars en 2016 à environ 55 dollars en 2017, outre l’évolution des échanges commerciaux avec les principaux partenaires commerciaux à la faveur de l’accroissement de la croissance tant en Europe que dans les pays émergents.
Les prévisions de la croissance pour 2017 concernant les pays importateurs de pétrole dans la région MENA sera de 4% pour s’établir à 4,4% en 2018, contre 3,7% en 2016.