L’augmentation du taux d’intérêt directeur n’aura pas un impact significatif sur la dépréciation du dinar. “Il faut, à court terme, réduire les importations, impulser les exportations et la croissance pour limiter le glissement”. C’est en tout cas ce que pense Fatma Marrakchi Charfi, professeure d’économie à la Faculté des sciences économiques de Tunis, lors d’une rencontre à Paris sur la “dépréciation du dinar tunisien”.
Pour cette universitaire, les dernières mesures prises par le conseil ministériel restreint pour propulser l’épargne à travers l’augmentation du taux d’intérêt n’aura pas un impact significatif sur la dépréciation de la monnaie nationale et ce “parce que le pays a un taux d’intérêt réel négatif”.
Au contraire, “cette mesure plombera les charges des entreprises et les crédits des particuliers empruntés à taux variables”, ajoute-t-elle, notant que les instruments dont dispose la Banque centrale dans ce domaine, sont limités. “Il faut intervenir au niveau de la politique budgétaire et non pas au niveau de la politique monétaire. La Tunisie a besoin d’un taux de croissance de plus de 3% pour résoudre le problème du déficit budgétaire”.
“Le gouvernement est également, appelé à imposer des restrictions pour limiter les importations et demander au Fonds monétaire international (Fmi) d’activer les clauses de sauvegarde”, insiste l’universitaire active dans un laboratoire d’intégration économique internationale, expliquant qu’il faut démontrer au FMI qu’il existe des secteurs sinistrés tels que le textile et l’habillement.
Evoquant le tollé soulevé par la dépréciation du dinar au cours des derniers jours, l’enseignant affirme que “la monnaie nationale n’est pas très surévaluée par rapport à sa valeur réelle. Ce qui s’est passé ces derniers jours, c’est un emballement plus que nécessaire dans les échanges de devises, ce qui a fait que le taux de change s’est déprécié très rapidement”.
L’universitaire définit la dépréciation et la dévaluation par le degré d’engagement de la banque centrale à défendre la parité d’une monnaie ” faisant remarquer que la BCT n’est pas obligée de défendre la parité du dinar, car ” nous ne sommes pas dans un régime de change fixe. “Dans le régime de change tunisien, ce sont les intermédiaires agréés qui déterminent le taux de change, et la Banque centrale intervient pour réajuster”.
De son côté, le spécialiste de l’intégration économique maghrébine, Camille Sari, indique que la dépréciation du dinar tunisien “engendrera une hausse des prix des produits fabriqués en Tunisie”.
Alors que pour l’expert financier Acharf Ayadi, qui a animé le débat, la BCT constitue “la dernière ligne de défense de l’économie tunisienne étant donné que les autres lignes de défense de l’économie ne fonctionnent pas”.
La rencontre, qui s’est déroulée vendredi 28 avril, a été organisée par le club think-finance de l’association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) à Paris.