Les différentes formes de polarisation de la femme par les groupes terroristes et son rôle dans la prévention du terrorisme constituent les principaux thèmes débattus par les participants à un atelier de réflexion organisée, le 3 mai 2017 à Tunis, à l’initiative du ministère des Affaires religieuses sur la centralité du rôle de la femme dans la lutte contre le terrorisme.
Raoudha Bayoudh, commissaire principale de police, a souligné que les personnes qui vivent dans un environnement précaire sont plus facilement attirés par les groupes terroristes. Elle a cité, notamment, le déchirement familial, la pauvreté, la vulnérabilité sociale, l’absence de contrôle parentale, le décrochage scolaire …
La vulnérabilité psychologique, le désire de venger un proche, la mauvaise interprétation des versets coranique sont, selon l’oratrice, autant de facteurs qui contribuent à la radicalisation.
Les femmes et les enfants sont polarisés de différentes manières, a-t-elle dit, citant, notamment, le jihad contre les despotes pour faire triompher le message de Dieu, les promesses matérielles alléchantes et l’accès au paradis.
Selon la même source, les femmes appartenant à ces groupes se trouvent chargées de commettre des attentats-suicide ou désignées comme femmes leaders citant l’exemple de Fatma Zouaghi qui dirigeait la branche médiatique de Daech ou la dirigeante de Katibat Al Khansa en Syrie qui est de nationalité tunisienne. Elles sont également chargées d’assurer, à travers les réseaux sociaux, le recrutement pour le jihed al-nikah, a-t-elle ajouté.
La ministre des Affaires de la femme, de la Famille et de l’Enfance, Neziha Laabidi, a fait savoir que les endroits dans lesquels s’effectue le recrutement de ces femmes sont multiples citant, notamment, le domicile, les espaces publics, devant les établissements scolaires et universitaires, et les réseaux sociaux, rappelant la prolifération des mariages non conformes à la loi dans les rangs des étudiants notamment après la révolution.
Laabidi a fait savoir que des études ont révélé qu’un grand nombre de femmes actives dans les groupes terroristes sont titulaires de diplômes scientifiques. Elle a précisé que la lutte contre ce phénomène nécessite une révision des méthodes pédagogiques et scientifiques ainsi que le développement de l’esprit critique chez les nouvelles générations et une éducation aux valeurs de modération et du juste-milieu, en plus de la diffusion d’un discours religieux modéré.
La ministre a souligné que la violence au sein de la famille pousse les jeunes à devenir agressifs et à s’orienter vers la pensée extrémiste, appelant, à cet égard, à la nécessité de protéger les femmes contre les groupes terroristes.
Quant au ministre des Affaires religieuses, Ahmed Adhoum, il a mis l’accent sur l’importance du rôle dévolu à la femme, notamment, la mère dans la protection de ses enfants contre le terrorisme en leur offrant une éducation saine et équilibrée, affirmant que la protection de la société de ce phénomène est la responsabilité de tous.