Le ministère de l’Industrie et du Commerce vient d’ouvrir une enquête concernant l’augmentation, durant les deux dernières semaines, des prix des bananes, de 3,3 dinars à 5 dinars le kilogramme (commerce de détail). C’est ce qu’a déclaré, vendredi 5 mai, le directeur des Enquêtes économiques, Abdelkader Timoumi.
Selon le responsable, l’enquête a révélé que cette hausse est due à la décision des importateurs de ce produit exotique d’augmenter le prix de la boite de bananes, de 60 dinars à 75 dinars au niveau du commerce de gros. Une décision qui transgresse les marges et les prix autorisés par la loi pour le commerce de ce type de fruits.
Pourtant, le prix d’achat d’un carton de bananes sur les marchés mondiaux, est estimé à seulement 12 dinars (5 dollars), d’après les déclarations douanières, un prix fortement inférieur à celui pratiqué par les importateurs tunisiens.
Le ministère veut savoir, à travers son enquête, “si cette hausse des prix est normale ou elle est due à l’évolution des cours de change à l’échelle internationale et à la dépréciation du dinar”.
L’ouverture de cette enquête sur la hausse des prix d’un produit qui n’est aucunement de première nécessité pour les tunisiens, à l’instar des produits alimentaires, intervient à un moment où les prix d’autres produits de base connaissent une flambée (tomates, ail, piment…) qui pèse lourd sur le pouvoir d’achat du citoyen. Elle intervient aussi à l’heure où les importations de produits “superflus” en Tunisie montent en flèche.
A quelques semaines du mois de Ramadan, les tunisiens s’attendent, comme toujours, à une augmentation de plusieurs produits de consommation sans voir une intervention rigoureuse de la part des services concernés pour dissuader les transgresseurs des lois du commerce.
Le directeur des Enquêtes Economiques, a par ailleurs, souligné que des mesures seront entreprises contre tous ceux qui seront jugés responsables d’augmenter illégalement les prix des bananes, ou de recourir à la surenchère pour influencer le niveau des prix.
Pour mémoire, l’agence TAP avait publié, en septembre 2016, une enquête sur le trafic des bananes au niveau du marché de gros de Bir El Kasâa, le plus grand marché de légumes et fruits de toutes la Tunisie. Cette enquête a révélé, plusieurs dépassements au niveau du commerce de gros, des bananes. “Le chiffre d’affaires du commerce des fruits importés, dont les bananes est estimé à 130 millions de dinars (au niveau de Bir El Kassâa), mais l’Etat ne bénéficie pas de cet argent, car il est dominé par les activités de contrebande et de commerce parallèle”, avaient déclaré à l’agence TAP, des marchands de détail qui réclamaient leur intégration dans les circuits formels de commerce.
L’enquête avait montré également que le marché d’importation des fruits exotiques était détenu, à l’ère de Ben Ali, par le clan Trabelsi et que ce clan avait même poussé à l’amendement des lois pour baisser de 50%, les tarifs douaniers appliqués à l’importation des bananes de 50% (Décret du 29 octobre 2002). D’autres barons ont pris probablement le relais pour maintenir le trafic très juteux de bananes, toujours actif en Tunisie.