Le président de la Chambre nationale des artisans du cuir et de la maroquinerie, Mohamed Ben Ghorbal, indique que “cette industrie très ancienne est désormais menacée”, mettant l’accent sur la crise que le secteur connaît aujourd’hui.
L’industrie du cuir et de la maroquinerie, qui n’a jamais été en Tunisie un simple métier traditionnel, puisque le secteur du cuir a été un symbole civilisationnel au cours des plus importantes étapes successives de l’histoire, allant de la préhistoire passant par la période islamique puis l’ère husseinite, souffre, aujourd’hui, de grandes difficultés qui menacent sa pérennité.
La peau de cuir de veau a joué un grand rôle dans l’histoire de la fondation de Carthage, en l’année 814 av J-C. L’industrie du cuir a aussi occupé une place importante dans l’économie juste après l’occupation islamique d’Ifriquia (Tunisie), période lors de laquelle l’industrie de la reliure des livres en cuir et la calligraphie sur le cuir ont prospéré.
L’histoire du plus ancien Coran relié en cuir remonte à l’année 907, puis ce métier a connu un large succès durant l’ère Husseinite marquée par la création de souks, tels que ceux de Blaghjia (industrie des chaussures), de Sarrajine (fabrication de selles de chevaux), Sakkajine (industrie des cartables, des valises …) et ce, au début du 17ème siècle.
Ben Ghorbal a indiqué, dans sa déclaration en marge du salon de la création artisanale (28 avril -7 mai), que la crise vécue par le secteur depuis des années a pour origine la réticence des jeunes à pratiquer ce métier vu la hausse des prix de la matière première et du coût de la main d’oeuvre, outre les difficultés rencontrées lors de la commercialisation du produit.
Le gouvernement est, a-t-il dit, responsable de cette situation car il n’a pas tenté d’organiser ce secteur et de trouver des solutions à la marginalisation des artisans, ce qui a engendré, selon lui, la baisse du nombre des entreprises spécialisées dans l’industrie du cuir de 5000 entreprises dans les années 90 à environ 1000 entreprises, parmi lesquelles 400 sont “non structurées”.
Le président de la Chambre, relevant de l’UTICA, a fait remarquer que “plusieurs métiers sont en voie de disparition, tels que la fabrication de selles de chevaux, la dorure sur cuir et les marionnettes en cuir, en raison de la réticence des jeunes à pratiquer ces métiers qui représentent un patrimoine culturel important”.
“Les autorités de tutelle doivent soutenir les artisans du cuir, à travers l’amélioration du système de formation et le renforcement de la promotion du produit et de sa commercialisation ainsi que sa préservation de la concurrence déloyale, surtout face au flux des produits étrangers importés”, a-t-il précisé.
“Il faut améliorer la qualité du cuir et assurer la collaboration et la communication entre les artisans et les industriels, du cuir, surtout au niveau du design et de la création, pour fournir un produit purement tunisien conforme aux normes de la qualité et compétitif sur les marchés extérieurs”.
Il a revendiqué d’inscrire la production des artisans du cuir dans le système des marchés publics et d’imposer l’obligation de l’achat des produits en cuir aux administrations et institutions publiques, outre la constitution d’un comité de contrôle des marchandises parallèles dans les circuits touristiques.
Ben Ghorbal a, par ailleurs, insisté sur l’importance de revaloriser le cuir tunisien dans la fabrication des cartables, suggérant à cet effet de promulguer une loi obligeant les institutions publiques et administrations tunisiennes à utiliser ce produit.