Sous le haut patronage d’Evelyne Yonnet SALVATOR, sénatrice de la Seine-Saint-Denis, et Abdelaziz RASSAA, ambassadeur de Tunisie en France, un colloque sur l’Investissement et le co-développement en Tunisie aura lieu au Sénat à Paris, et ce le jeudi 18 mai 2017.
Ce Colloque sera rehaussé par la présence de Khemaies JHINAOUI, ministre tunisien des Affaires étrangères, de la présidente de l’UTICA, Wided BOUCHAMAOUI, du SG de l’UGTT, Noureddine TABBOUBI, et d’anciens ministres, opérateurs privés, experts et autres journalistes. Cette manifestation sera une occasion pour raconter la Tunisie et le Tunisien.
Pacifique, tolérant ouvert sur le monde, le Tunisien s’est toujours historiquement investi pour promouvoir les valeurs progressistes du «Monde Libre» qu’il a défendues comme universelles. Laïcité de l’Etat, promotion de la paix, ouverture, modération, défense des droits de l’Homme et émancipation de la femme ont toujours fait partie des combats du Tunisien et de la société tunisienne.
Membre de l’ONU, la Tunisie a toujours eu une ligne de conduite diplomatique modérée et exemplaire dans le strict respect des lois et conventions internationales.
Mais aujourd’hui, le citoyen tunisien se sent aussi abandonné par le «Monde Libre» que dans l’ère Ben Ali.
Pendant le règne de Ben Ali, il s’était senti quantité négligeable notamment dans le cadre du partenariat EuroMed tracé par le processus de Barcelone qui l’avait laissé en proie à une dictature de plus de vingt-trois ans sans le consulter ou lui accorder la moindre considération.
Le président Chirac (malgré ses positions courageuses face à la première guerre du Golfe, en visite en Tunisie, avait sous-estimé le besoin de dignité du peuple en déclarant aux détracteurs de la dictature de Ben Ali que «le premier des droits de l’Homme était de manger!».
Quant au président Sarkozy, il avait déclaré dans le même contexte face au président Ben Ali qu’il n’avait pas de leçons à donner à ses amis tunisiens en termes de démocratie!
Fanatisme et terrorisme…
Résultat: n’ayant pas été préparé à gouverner et initié à la démocratie, le Tunisien s’est retrouvé du jour au lendemain (départ de Ben Ali et déstabilisation de la Libye) livré à lui-même face à tous les dangers, à commencer par le fanatisme et le terrorisme, des fléaux supranationaux qui donnent du fil à retordre même aux nations les mieux organisées et les mieux équipées. La Tunisie s’est retrouvée d’autant plus exposée qu’elle n’avait jamais investi massivement dans son développement sécuritaire et militaire, préférant à cela, depuis l’ère bourguibienne, consacrer plus de 50% de son budget d’Etat à l’éducation, la santé et l’enseignement.
Des chiffres éloquents…
Pour mieux situer les lecteurs, ci-après des chiffres simples à retenir:
– en 2014, le chiffre d’affaires d’Air France était de 24,5 milliards de dollars;
– le PIB de la Tunisie est de 48,55 milliards de dollars;
– les recettes du tourisme tunisien s’élèvent à 1,76 milliard de dollars;
– la dette extérieure tunisienne est de 29,56 milliards de dollars, soit 60% du PIB.
L’aide de l’Europe pour la Grèce pour relancer son économie en 2015 a atteint les 245 milliards de dollars, soit plus de 100% de son PIB (celui-ci s’élevait en 2014 s’élevait à 236,4 milliards de dollars, soit 4,8 fois celui de la Tunisie);
Quant à la dette extérieure de la Grèce, elle est de 420 milliards de dollars, soit 177% de son PIB.
La dette extérieure de la France est de 5.371 milliards de dollars, soit 218% du PIB.
La population de la Grèce est de 11 millions de personnes, dont 5 millions d’actifs, alors que celle de la Tunisie est de 11 millions de personnes dont 4 millions d’actif.
Un plan Marshall qui reste lettre morte
En Tunisie, on attend toujours la concrétisation des promesses pour un plan Marshall qui réparerait une partie des préjudices subis par ce pays suite aux déséquilibres géopolitiques régionaux. (Pour ne pas polémiquer sur les degrés de responsabilité de chacun dans la l’actuelle géopolitique régionale post 2011).
Bref, tout est question de volonté politique car, comme on le voit, en Tunisie les besoins ne se chiffrent pas par centaines de milliards de dollars.
Comment l’Europe peut-elle aujourd’hui retrouver la croissance dans son propre périmètre, pour le bien de sa jeunesse ainsi que celle de ses partenaires, avec un voisinage et un pourtour méditerranéen en proie à des degrés variables à l’insécurité si ce n’est à la guerre?
En tant que puissance économique et militaire régionale et mondiale, le rôle attendu de l’Europe par ses citoyens et par ses partenaires est énorme. Sans paix et sans sécurité dans la région, tous nos pays ne connaîtront que le marasme et la récession.
La révision profonde du modèle de développement économique proposé pour les pays du sud de la Méditerranée, la refonte des méthodes et principes de fonctionnement du partenariat EuroMed avec une meilleure prise en considération des intérêts et de la dignité du citoyen du Sud, une véritable implication sérieuse et urgente de l’Europe pour aider au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région… sont les conditions qui paraissent nécessaires pour la reprise de la coopération Nord-Sud et une réconciliation entre les peuples avec le retour de la croissance économique dans toute la région et le retour de l’espoir notamment chez la jeunesse du Nord comme celle du Sud pour les extraire du cercle infernal prôné par ceux qui suggèrent la violence et le K.O.
Sans une entraide internationale et la poursuite voire l’intensification du partenariat euro-méditerranéen sur de nouvelles bases, le Printemps arabe (ce qui en reste) n’aura aucune chance de réussir et n’engendrera que souffrances, régression et insécurité à tous les peuples de la région.
Le tourisme, l’un des secteurs des plus fragiles de l’économie, a besoin de cette paix et de la réconciliation entre les peuples pour le retour d’une confiance nécessaire pour redonner envie et goût pour le voyage.
Avec le retour de la paix, c’est 3 à 4% de croissance supplémentaires qui viendront dans chacun de nos pays résoudre naturellement beaucoup de distorsions et de maux dans nos sociétés.
Hakim Tounsi