Un grand nombre de députés ont jugé mardi lors d’une plénière consacrée à l’audition du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, chedly Ayari, que l’institut d’émission doit prendre des mesures “rigoureuses” et “courageuses” pour le recouvrement des dettes impayées auprès d’entreprises et d’hommes d’affaires.
Ils ont encore appelé à faire pression sur les banques pour assurer le remboursement des dettes carbonisées depuis 2011, obtenus par certains hommes d’affaires sans garanties et ce avant d’entamer la procédure de réconciliation.
Plusieurs députés ont demandé de mettre fin à la contrebande des devises et à l’importation excessive notamment de produits chinois et turcs qui ont inondé le pays.
Le député Moncef Sellami a proposé de relever le taux d’intérêt directeur de la BCT, pour réduire la consommation de produits non tunisiens, lesquels ont contribué à l’inflation.
Dans ce cadre, le député Haykel Belgacem, a appelé la Banque Centrale a jouer un rôle plus efficient dans la lutte contre le commerce parallèle et la corruption.
A ce propos, la député Hajer Bencheikh Ahmed s’est interrogée sur les raisons pour lesquelles les importations de Turquie et de Chine n’ont pas été stoppées alors qu’elles sont d’une qualité médiocre en comparaison avec la production locale. Elle s’est également, demandée s’il était vraiment, nécessaire d’importer de nombreux produits de France et d’Italie.
La plupart des députés ont considéré que la BCT est intervenue en retard pour calmer les citoyens pris de panique, à la suite de la déclaration de l’ex ministre des finances, Lamia Zribi, à propos de la dévaluation du dinar.
La député Rim Mahjoub, a considéré que l’institut d’émission aurait du intervenir rapidement pour expliquer le phénomène du glissement du dinar, leque va aboutir au relèvement du taux d’endettement extérieur à près de 80%.
De son côté, la député Héla Hammi a exprimé son étonnement à la suite de la déclaration faite par l’ancienne ministre des finances sur la dévaluation du dinar qui a provoqué une crise et obligé la BCT à injecter de l’argent auprès des banques.
Dans son intervention, le député Mohamed Fadhel Ben Omrane a jugé que les déclarations de l’ancienne ministre des finances ont été mal interprétées et qu’il s’agit là d’une injustice reflétant “la difficulté d’accepter une femme à la tête du ministère des finances”.
Ammar Amroussia, a avancé que la BCT est “un Etat indépendant de l’Etat” qui n’est pas soumis au contrôle de la Cour des comptes, à l’instar de la Banque de France. Il a expliqué la dépréciation du dinar par le fait que l’institut d’émission n’a pas joué son rôle, affirmant même que le flottement du dinar est un crime contre le peuple tunisien.
Le député Mohamed Ben Salem a proposé de traiter avec les pays du Maghreb Arabe en monnaie locale ou de conclure des accords bilatéraux pour dynamiser les échanges intra-maghrébins. Il s’est même déclaré étonné “de la polémique suscitée autour des importations tunisiennes de Turquie qui ne dépassent pas 4% du total des importations contre 82% de l’Europe et 8% de la Chine”.