Des chercheurs, doctorants, universitaires, ingénieurs et autres représentants de structures de recherche en Tunisie et à l’étranger ont pris part jeudi 18 mai aux travaux du 1er workshop sur les opportunités du couplage eau énergie et son importance dans la résolution de la problématique urgente de la pénurie d’eau en Tunisie.
Jamel Belhaj, professeur universitaire en ingénierie électrique et responsable du projet nexus eau énergie au laboratoire de recherche de l’ENIT (Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis), a souligné l’importance d’exploiter les énergies renouvelables (photovoltaïque et éolienne) dans le dessalement des eaux.
“Etant donné la baisse permanente des énergies conventionnelles, la croissance de la population et la disponibilité de seulement 1% d’eau pure douce buvable alors que 99% des eaux doivent être traitées à faible coût et à faible consommation d’énergie, il convient d’exploiter les énergies renouvelables pour traiter les eaux”, a-t-il expliqué.
L’intervenant a fait remarquer que l’énergie a besoin de l’eau puisque 90% de la production mondiale d’énergie est consommatrice d’eau et l’eau a aussi besoin de l’énergie puisqu’il faut de l’électricité pour le traitement, la production et la distribution de l’eau.
Jamel Belhaj a signalé que les régions tunisiennes sont essentiellement des zones arides ou semi-arides, faisant observer que même le peu de régions humides ayant de l’eau ont des difficultés d’accès à cette ressource vitale.
De son côté, Khalil Lamiri, secrétaire d’Etat chargé à la Recherche scientifique, a mis l’accent sur l’importance du secteur de la recherche scientifique dans la présentation de solutions efficaces et durables à des problèmes majeurs en Tunisie dont le manque de ressources hydriques.
” Environ 85% des ressources en eau sont aujourd’hui exploitées dans le secteur agricole alors que les besoins en eau ne cessent de croître et on devrait d’ici une vingtaine d’années faire baisser ce taux à 50% pour garantir l’approvisionnement régulier en eau dans les hôpitaux, dans les usines et autres “, a-t-il indiqué. Le système de recherche scientifique est appelé à être la locomotive pour faire face à ces défis, a-t-il souligné.
Dans ce contexte, le secrétaire d’Etat a fait savoir qu’un programme de 6 millions de dinars profitera à 200 bénéficiaires et encouragera la mobilité entre les laboratoires de recherche et l’environnement économique.
” Nous réfléchissons également au lancement d’un projet national pour exploiter les énergies renouvelables et les connecter aux régions côtières pour dessaler les eaux “, a-t-il noté soulignant l’importance d’encourager les projets innovants qui seraient, selon lui, la locomotive du développement et de l’investissement.
A noter que le workshop s’inscrit dans le cadre du programme européen ERANETMED dédié à la coordination des efforts de recherche en Méditerranée.
10 projets tunisiens sont en cours d’exécution dans différents laboratoires de recherche et ont été financés à hauteur de 57 mille dinars par l’Union Européenne dans le cadre du projet ERANETMED.
Parmi ces projets la création d’une unité de dessalement des eaux saumâtres à capacité de production 280 litres par heure alimentée par un système hybride photovoltaïque éolien.