Les stratégies de lutte contre le Charançon rouge adoptées dans les pays de l’Afrique du Nord, du Moyen Orient et en Europe, sont liées à la variété des palmiers infestés (palmiers ornementaux ou palmiers dattiers), a affirmé Mohamed Zardoune, directeur régional (Tanger/Tetouan/Al Houceima) de l’Office marocain de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).
“En Afrique du Nord où le ravageur a été déclaré en 2008 (au Maroc), en 2009 (en Libye) et en 2011 en Tunisie, c’est les palmiers ornementaux qui sont infectés et les retombées économiques ne sont pas les mêmes par rapport aux pays dont les palmiers dattiers sont infestés comme c’est le cas pour la Mauritanie”, a affirmé le responsable.
Lors d’une visite de terrain et de démonstration de la méthode de traitement chimique préventif des palmiers, organisée au profit de journalistes maghrébins participant à un atelier de formation tenue à Tanger (Maroc), il a annoncé “qu’aucun cas d’infestation au niveau des palmeraies marocains n’a été détecté. Tout le travail qui se fait vise à maîtriser l’éradication de ce ravageur afin d’éviter l’attaque des oasis de palmiers dattiers qui peut mener à une dégradation économique et environnementale des zones oasiennes”, a t-il encore dit.
Et d’ajouter, que le Maroc a pu cerner la propagation de ce ravageur à travers la mise en place d’une stratégie préventive de lutte combinant le traitement chimique, phytosanitaire, l’abattage, le brouillage et l’incinération des palmiers infestés. “Ce traitement préventif cible 13 mille palmiers chaque mois à Tanger, outre la mise en place de 1050 pièges”, a-t-il encore expliqué. Le responsable a fait savoir que, depuis 2008, date d’apparition du premier foyer à Tanger, le Maroc a interdit l’importation de tout matériel végétal.
Pour sa part, Abdelhak Ben Ayad, chef de la division des contrôles et de la protection des végétaux à l’ONSSA, a affirmé que le Maroc a adopté les mêmes mécanismes d’éradication appliquées en Europe, avec certaines améliorations et changements liés notamment aux moyens mis à disposition.
“Ces mécanismes concernent la mise en place d’un réseau de piégeage, le traitement chimique préventif de tous les palmiers de Tanger infestés ou non infestés, outre le traitement mécanique qui vise l’arrachage, le broyage et l’incinération du palmier infesté”, a indiqué le responsable.
Dans une déclaration à TAP, il a souligné que le traitement chimique préventif consiste à asperger le palmier avec des insecticides (environ 20 litres par palmier et par mois), d’origine homologués et non par des insecticides génériques dont la composition reste inconnue et non contrôlée.
Concernant le réseau de piégeage, il vise la mise en place de seaux remplis d’eaux avec des perforations latérales insérées à moitié dans le sol juste à côté des palmiers avec un petit sachet contenant une phéromone (substances chimiques comparables aux hormones émises par la plupart des animaux et certains végétaux) qui vont fermenter et attirer les Charançons rouges.
L’utilisation de ces pièges permet tout d’abord de détecter la présence ou pas d’un Charançon. En cas de détection, ces pièges devront être multipliés pour capter le maximum de Charançons avant leur déplacement. Le travail des spécialistes continue même après la mise en place de ces pièges, afin de savoir si le nombre des Charançons rouges diminue ou s’il y a des nouvelles apparitions.
En cas de détection du Charançon sur un palmier, le Maroc opte pour l’abattage immédiat du palmier, et ce, avant son broyage, sa pulvérisation et son incinération, a-t-il encore ajouté, rappelant que les dernières opérations de prospection effectuées, n’ont pas révélé de nouveaux cas d’infestation.
Il y a lieu de rappeler que le charançon rouge a fait son apparition dans les pays du Golfe et du Moyen Orient depuis 1988. En Europe, son apparition remonte à 1993 (en Espagne), 2004 (en Italie) et 2006 (en France).
L’atelier de formation des journalistes Maghrébins qui se tient à Tanger du 15 au 18 mai 2017, a pour thème ” les risques des ravageurs et des maladies végétales et animales et leurs impacts sur le développement économique et social et sur la sécurité alimentaire”.