Théoriquement, la Banque centrale peut contribuer à stimuler l’économie via son taux d’intérêt. Mais ce moyen est sans grand effet dans une économie dont une grande partie est informelle et échappe de ce fait au système monétaire, c’est-à -dire une économie comme la nôtre.
Après l’attaque terroriste de Sousse en 2015, le secteur du tourisme a été particulièrement touché par une crise économique. En réalité, le tourisme était loin d’être l’unique secteur affecté. Les autorités ont choisi d’aider les hôteliers par des aides financières directes augmentant ainsi le déficit budgétaire. Pourtant, il existe une solution beaucoup plus efficace et qui ne coûte rien au gouvernement. Il aurait suffi que la Banque centrale de Tunisie achète les dettes des hôtels qui sont les plus en difficulté.
D’ailleurs, elle aurait pu créer un programme d’aide aux entreprises qui sont les plus en difficulté et pas seulement celles du secteur du tourisme. En achetant les dettes de ces entreprises, la BCT leur permet d’être opérationnelles et productives à nouveau.
Idéalement, ce programme d’achat devrait toucher en priorité les entreprises exportatrices.
Comment la Banque centrale peut-elle acheter ces dettes? Il lui suffit de créer de la monnaie électronique, c’est-à -dire sans impression de nouveaux billets. Cette politique s’appelle tout simplement de l’Assouplissement Quantitatif (Quantitative Easing ou QE en anglais). C’est ce que font les plus grandes Banques centrales depuis que leurs pays connaissent la crise. La Banque du Japon a eu recours au QE, mais aussi la Réserve Fédérale des Etats-Unis, la Banque centrale européenne (à travers ce qu’elle appelle “The Asset Purchase Programme” (APP), et c’est ce que fait aussi la Banque d’Angleterre depuis bientôt dix ans.
Ceux qui voudront critiquer cette technique, rien que pour apporter la contradiction, diront que le QE doit être employé lorsque le taux d’intérêt est proche de zéro. Si notre pays n’avait pas une économie informelle très importante, alors ils auraient eu raison puisqu’en l’absence d’un secteur informel, on peut penser que le taux d’intérêt est un outil susceptible de stimuler l’économie. Autrement dit, on ne fait usage du QE que lorsqu’on a épuisé les capacités stimulatrices du taux d’intérêt.
Voilà une VRAIE solution qui peut sauver les entreprises qui sont créatrices de valeurs ajoutées et de croissance et qui ne coûte rien au budget de l’Etat.