Suite à un dialogue engagé depuis février 2017, dix-sept associations et organisations (*) appellent le gouvernement à prendre deux initiatives en vue de «sauver le secteur public de la santé».
La première consiste à «mettre en œuvre un programme d’urgence, élaboré de manière participative avec des mécanismes de suivi transparents et bénéficiant d’une priorité de haut niveau», et ce dans l’objectif de «trouver des solutions rapides et efficaces aux difficultés rencontrées par les malades, à la dégradation des conditions de travail des professionnels et au déficit budgétaire des établissements sanitaires».
La seconde devrait prendre la forme d’un «dialogue approfondi et sérieux avec toutes les parties concernées pour élaborer une véritable stratégie rompant avec les politiques précédentes», afin de «revaloriser le secteur public de la santé, pour qu’il soit en mesure d’assurer des soins curatifs et préventifs de qualité à toutes les couches de la population», et «d’être la référence de tous les établissements sanitaires du pays et pour qu’il puisse assurer une formation de qualité aux futures générations des cadres de la santé».
D’après les signataires, le secteur public de la santé (…) traverse une crise particulièrement grave qui le menace d’effondrement», et la détérioration des services de soins offerts par les hôpitaux publics et les centres de santé de base (…) a abouti à des services de santé à deux vitesses et au non respect du droit constitutionnel à la santé». Situation imputable «à la politique de désengagement de l’État des secteurs sociaux suivie depuis des décennies, laquelle a entraîné une insuffisance de ressources matérielles et humaines affectées au secteur public, une distribution inéquitable et une mauvaise gestion de ces ressources, en même temps qu’une absence de planification stratégique et une centralisation excessive, le tout ayant abouti à une faible performance à tous les niveaux».
Les dix-sept organisations de la société civile affirment même que «cette détérioration s’est aggravée au cours de la dernière période et menace sérieusement le service public de santé d’effondrement, en raison principalement de l’augmentation considérable du déficit budgétaire des établissements sanitaires publics, de la détérioration des conditions de travail des professionnels, du départ des cadres spécialisés vers le secteur privé et vers l’étranger, ainsi que de la progression importante de l’activité privée des agents du secteur public et du phénomène de la corruption».
Parce que le secteur public de la santé «est un acquis important de la Tunisie indépendante (…)», qui «ne doit pas être abandonné, mais soutenu et renforcé pour lui permettre de mettre en œuvre la couverture santé universelle et de réaliser le droit constitutionnel à la santé», les signataires de cet appel vont continuer à se mobiliser au cours des prochains mois pour que «toutes les composantes de la société civile et toutes les personnes (…) y adhèrent». Dans le but de «sensibiliser et mobiliser l’opinion publique sur la nécessité urgente de réformer et de mettre à niveau le secteur public de la santé».
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