Raoudha Gafrej, experte en gestion des ressources en eau, lance un cri d’alarme, dans un témoignage accordé à l’agence TAP, sur les débordements enregistrés au niveau de certains oueds, provoquant des pertes en eau alors que le pays est en pleine crise d’eau.
“Aujourd’hui, j’ai été alertée de bonne heure, par des amis, du débordement de l’oued Bouhertma au niveau de Boussalem… Après vérification, il s’est avéré que la Direction générale des barrages et des grands travaux hydrauliques et sur instructions du ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, a ouvert la vanne du barrage pour évacuer 1,553 million de m3 d’eau, afin d’alimenter le barrage de Sidi Salem, à travers l’Oued Medjerda. Nous rappelons à ce niveau que la situation hydrique du barrage de Sidi Salem nécessite le renforcement des apports depuis les barrages situés en amont, afin de satisfaire les besoins de l’alimentation en eau potable du Grand Tunis, du Cap Bon et du Sahel”, souligne-t-elle.
Elle poursuit en disant qu'”il semble qu’on ait oublié que la situation de l’Oued Bouhertma, à défaut de curage sur environ 22 km, ne permet pas de véhiculer ce volume surtout que tout ce volume a été évacué sur environ 5 heures, d’où le débordement de l’Oued dans sa zone basse, ce qui a endommagé les pompes des agriculteurs, situées près de ses bords. Pis encore, en posant la question à des responsables de l’exploitation du barrage, ils se sont contentés de me dire : on s’excuse car nous n’avons pas alerté la population avoisinante et la prochaine fois on veillera à impliquer la protection civile…”.
Face à cette situation, l’experte s’inquiète: “y a-t-il plus aberrant que de constater ce genre de débordement: en plein été, en situation de crise hydrique très grave, les institutions responsables de gestion de ces ouvrages et du système hydrologique dans sa globalité, ne trouvent pas le temps ni les moyens pour curer et entretenir les oueds, pour pouvoir transférer l’eau nécessaire en considérant les débits pouvant être véhiculés par les oueds”.
Elle rappelle à cet égard que “le barrage Bouhertma qui est également en situation de déficit (seulement 62 millions de m3 actuellement) a reçu hier mercredi, 100.000 m3 d’eau transférés par pompage depuis le barrage Barbara. Lequel pompage nécessite environ 0,65 Kw/m3 de haute tension, soit un coût de pompage du m3 d’environ 80 millimes (tarif de nuit qui est le tarif le plus bas). Cette situation n’est pas unique malheureusement, l’Oued Sejnene situé en amont du barrage Sejnene qui reçoit les eaux de transfert depuis le barrage Sidi El Barrak et de Ziatine souffre de la même négligence, à savoir l’absence de curage et d’entretien afin d’améliorer sa débitance”.
“L’économie de l’eau n’est pas seulement au niveau du robinet du citoyen ou de la vanne de l’agriculteur, c’est aussi au niveau du curage des oueds même en situation de sécheresse ” a-t-elle conclu.