Des citoyens, des députés, des représentants d’organisations, d’associations et de partis politiques se sont rassemblés, dans la soirée de vendredi 26 mai, à Place de La Kasbah à Tunis, pour exprimer leur soutien au gouvernement qui a procédé à plusieurs arrestations d’hommes d’affaires et de personnes suspectés de corruption.
Les participants à ce rassemblement ont voulu exprimer leur refus de la corruption et souligner la nécessité de poursuivre les corrompus en justice.
Dans des déclarations à l’agence TAP, des participants ont souligné l’importance de cette initiative qu’ils ont qualifiée de courageuse et audacieuse, mettant toutefois en garde contre le fait que le gouvernement revienne sur cette décision car “il risquerait de perdre le soutien de tous”.
Pour Mohamed Ayadi, membre de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), la lutte contre la corruption requiert un soutien du large public, de la société civile et des partis politiques formant la coalition gouvernementale, précisant que l’initiative du chef du gouvernement intervient en partie en réponse aux demandes formulées par l’instance pour accélérer l’examen des dossiers de corruption.
De son côté, le juge Ahmed Souab a souligné que “ce soutien civil doit être responsable et jouer le rôle d’observateur”, et que “le pas effectué par le chef du gouvernement exige le respect de la constitution, l’accélération des enquêtes et le transfert des dossiers à la justice dans les meilleurs délais afin qu’elle assume ses responsabilité dans la lutte contre la corruption”, tout en émettant le souhait que “la justice retrouve sa bonne image après l’instauration du conseil supérieur de la magistrature”.
Une série d’arrestations a été menée, en début de semaine, à l’initiative du gouvernement contre des personnes suspectées de corruption, de contrebande et d’implication dans des réseaux de l’économie parallèle, rappelle-t-on.
Selon le ministère de l’Intérieur, ces arrestations interviennent en application des dispositions de l’article 5 de la loi relative à l’état d’urgence en date du 26 janvier 1978.
Elles ont été prises sur la base “d’indications prouvant l’implication de ces personnes dans des infractions susceptibles de menacer dangereusement la sécurité et l’ordre général”, a précisé, jeudi soir, le ministère de l’intérieur.
“Cette mesure est d’ordre préventif, limitée dans le temps et dictée par la nécessité de sauvegarder la sécurité générale et lutter contre la corruption et devra prendre fin avec l’expiration de l’état d’urgence”, ajoute la même source.
Le 24 novembre 2015, l’état d’urgence a été décrété pour un mois suite à l’explosion qui avait ciblé un bus de la garde présidentielle, faisant plusieurs morts et blessés. Depuis cette attaque, l’état d’urgence a été prolongé à plusieurs reprises.
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait décidé, le 16 mai dernier, de prolonger l’état d’urgence d’un mois.
Plusieurs “hommes d’affaires”, dont Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi, ont été arrêtés et assignés à résidence dans le cadre de ce coup de filet anticorruption.
Vendredi, le Parquet militaire a décidé de diligenter une enquête contre Chafik Jarraya et délivré un mandat de dépôt à son encontre. Il est accusé de d’”atteinte à la sûreté de l’Etat”, “trahison” et “intelligence avec une puissance étrangère en temps de paix”.
Au lendemain de cette campagne d’arrestation, le chef du gouvernement a déclaré aux médias que:
“Dans la guerre contre la corruption, il n’y a pas d’autre choix: soit la corruption, soit l’Etat, c’est soit la corruption soit la Tunisie. Personnellement, comme l’ensemble des Tunisiens, j’ai choisi l’Etat, j’ai choisi la Tunisie. Je veux rassurer tous les Tunisiens: le gouvernement assume toutes ses responsabilités, il mènera la bataille contre la corruption jusqu’au bout.
J’appelle les Tunisiens à rester unis dans cette bataille et de rester debout pour la Tunisie”.
Des partis politiques, dont les partis de la coalition au pouvoir, la société civile et des organisations nationales, dont la centrale syndicale et l’organisation patronale, ont déclaré soutenir le gouvernement et la campagne d’arrestation ciblant plusieurs personnes suspectées de corruption, de contrebande et d’implication dans des réseaux de l’économie parallèle.
Ils ont appelé toutes les forces politiques et la société civile à mobiliser leurs énergies et à se tenir aux côtés du gouvernement dans sa lutte contre la corruption qui constitue une menace évidente pour l’Etat et ses institutions.
La commission de confiscation a annoncé, vendredi, la saisie des biens et le gel des comptes bancaires de huit personnes soupçonnés d’avoir profité de leurs relations avec des personnes dont les biens ont été confisqués en vertu du décret n°13, de l’année 2011, portant sur les biens de Ben Ali et de sa famille.
Il s’agit de Mongi Ben Rbah, Kamel Ben Ghoulem Fraj, Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi, Nejib Ben Ismail, Ali Griouii, Mondher Jenayah et Hlel Ben Massaoud Bchir.
Le président de la commission a indiqué, lors d’un point de presse, tenu à Tunis, que les décisions de confiscation ont été prises par la commission au cours de sa réunion d’hier, à l’encontre de tous ceux qui ont tiré profit de relations avec des personnes dont les biens ont été confisqués en vertu du décret n°13, de l’année 2011, portant sur les biens de Ben Ali et de sa famille.