La Tunisie a occupé la 53ème place sur 113, en termes d’indice de sécurité alimentaire en 2016, gagnant 2 places, depuis 2012 (55ème rang), selon les résultats préliminaires de la revue stratégique sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Tunisie, réalisée par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM).
L’étude qui a été présentée mercredi à Dar Dhiafa à Carthage, par l’universitaire et expert à l’ITES, Karim Ben Kahla, a révélé que l’offre alimentaire est suffisante en Tunisie, grâce à l’amélioration de la production et de la productivité locale. C’est ainsi qu’au niveau de l’accès à l’alimentation, la Tunisie dispose d’un score de 56,7 points/100, pour la disponibilité de l’alimentation: 57,4/100 et la qualité: 62,2/100. mais ceci n’a pas empêché l’augmentation de l’importation des produits alimentaires qui représente 9,2% du total des importations du pays. La part des céréales dans la valeur des importations alimentaires dépasse 43%, suivies par les huiles végétales et les sucres et dérivés.
S’agissant des risques qui menacent la sécurité, la revue évoque plusieurs risques dont le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles, dont l’eau. Déjà le pays est classé 33ème quant au risque imminent de pénurie d’eau d’ici 2040 (World Resources Institute), et risque de perdre plus de 80% de ses ressources d’eau non renouvelables.
Le pays fait face a plusieurs problèmes dont la dégradation de la qualité et de la fertilité des sols et de la terre, la sensibilité à l’érosion et la désertification (risque de perdre 50% des surfaces cultivables d’ici 2050), le morcellement des propriétés et l’augmentation du ratio de dépendance aux importations des céréales (environ 60%).
Pour l’accès à l’alimentation, l’étude a noté une difficulté d’accès des groupes vulnérables à cause des barrières économiques et monétaires, dont l’inflation et la perte du pouvoir d’achat, la dépendance aux importations et la faible croissance économique.
Parmi les groupes les plus vulnérables à l’accès à l’alimentation, figurent les habitants des zones rurales, ceux des zones du Centre-Ouest et du Nord-Ouest et les femmes et les enfants notamment les femmes rurales, cheffes de familles monoparentales.
Toutefois, l’étude révèle de réels risques sur la santé à cause de la nutrition en Tunisie, pays où déjà environ 46% des citoyens sont en surpoids, mais où 29% seraient anémiques.
Outre la disponibilité et l’accessibilité, l’étude a pointé du doigt le gaspillage alimentaire qui représente également, une menace sur la sécurité alimentaire, rappelant qu’environ 16% du pain acheté finit dans les poubelles, suivi par les produits à base de céréales (10%), les légumes (6,5%), les fruits (4%), le lait et ses dérivés (2,3%) et les viandes (2%).
La revue a recommandé dans ce cadre, de mettre en place une stratégie nationale multisectorielle pour une alimentation saine, de faire des spots publicitaires pour sensibiliser aux questions de l’alimentation et du gaspillage, de refondre le système de vulgarisation agricole et de développer l’entrepreneuriat agricole.
Il s’agit également, de miser sur la formation d’une main d’œuvre agricole spécialisée (plutôt que généraliste), encourager l’innovation agricole, revaloriser les techniques ancestrales (le bio), mieux valoriser les ressources en eau et en sol et intensifier les systèmes de production.
Pour sa part, le ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Samir Taieb a rappelé que le secteur agricole a enregistré une croissance de 4%, au cours du premier trimestre de 2017, a contribué à 8% au PIB et a enregistré une croissance annuelle de 2,8%, durant les deux dernières décennies.
Cette croissance a-t-il ajouté, a eu un impact positif sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et la production locale couvre, désormais, la plupart des besoins concernant plusieurs produits tels que les légumes, les fruits, lait et dérivés et les volailles et 98% des besoins en viandes rouges.
Toutefois, Taieb a souligné que la sécurité alimentaire de certains secteurs reste vulnérable, évoquant l’importation de près de 50% des besoins en céréales, de 25% des fourrages des bétails et 100% des fourrages des volailles.
A noter que l’étude a permis d’élaborer une analyse participative et exhaustive de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle en Tunisie, et ce dans le cadre des Objectifs 2 du développement durable de l’ONU.