«Le CNI (Centre national de l’informatique) est le cœur battant de l’Administration tunisienne. Nous estimons qu’au vu de son importance, du volume d’informations qu’il rassemble et qui concernent tous les Tunisiens et surtout leurs données personnelles, ce centre doit être rattaché directement à la présidence du gouvernement», nous a déclaré Imed Zaier, secrétaire général du syndicat de base du CNI.
M. Zaier a bien précisé qu’un centre pareil mis sous la tutelle d’un ministère géré par un ministre partisan risque de se transformer en une boîte de pandore pour le parti auquel appartient le chef du département en exercice. «Nous voulons que ce centre soit autonome à tous les niveaux et pas uniquement financièrement et administrativement. Nous tenons à ce que son ministère de tutelle soit le Premier ministère puisque son action est transversale et touche tous les ministères ainsi que les informations les concernant. Nous ne pouvons envisager que le CNI puisse devenir un outil aux mains d’un parti qui pourrait l’utiliser dans le cadre d’élections municipales, législatives ou présidentielle en exploitant les données personnelles de nos concitoyens et des fonctionnaires de l’Etat».
L’insistance du syndicat de base du CNI vient de son souci de l’éloigner de toute surenchère politico-politicienne et de l’importance accordée à sa neutralité en tant qu’institution de l’Etat d’autant plus que toutes ses activités sont en rapport avec la présidence du gouvernement.
Le Centre dispose, entre autres, d’une base de données comprenant les échanges électroniques entre les différents départements ministériels, le suivi du travail gouvernemental, d’un grand volume d’informations riche et diverse. Il fait également office d’auditeur des systèmes d’informations implantés dans tous les ministères et supervise l’élaboration de Schémas Directeurs Informatiques, de termes de référence, de cahiers des charges et de plans d’actions ainsi que la protection des données et la mise en place du système de gouvernance des missions à l’étranger.
Institué le 30 décembre 1975, le Centre national de l’informatique est un établissement public à caractère non administratif doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière.
Attaché directement au Premier ministère, entre 1975 et fin 2000, le CNI en a été délogé en 2001 sur décision de Ben Ali qui avait nommé Montacer Ouali, secrétaire d’Etat chargé de l’Informatique et de l’Internet.
La main basse de Ben Ali sur le Centre est-elle ensuite passée aux nouveaux «propriétaires» des lieux? Le risque existe bel et bien et c’est ce qui explique les peurs exprimées par les syndicats.
Les médias avaient déjà, et depuis 2012, dénoncé le danger de laisser le CNI dépendre d’un ministère partisan sans qu’on accorde une quelconque importance à ces dénonciations.
Aujourd’hui, le CNI veille sur la préparation des listes électorales pour les élections municipales prévues pour le mois de décembre 2017, d’où l’importance des enjeux du Centre pour notre pays.
Pour précision, le CNI est placé sous la tutelle du ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique.