Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), Chawki Tabib, a plaidé, jeudi 15 juin à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), pour la nécessité de garantir l’indépendance financière de l’instance et de lui donner la possibilité de discuter son budget directement avec l’ARP, invitant le gouvernement à honorer ses engagements, dans ce sens.
Lors de son audition par la Commission des finances, de la planification et du développement à l’ARP, sur le projet de loi organique relative au budget 2018 de l’Instance, qu’il est inconcevable de priver cette dernière du moindre soutien financier pour accomplir ses missions, à l’instar des autres autorités de lutte contre la corruption et instances de contrôle (pôle judiciaire financier…).
Tabib a, également, estimé que le fait de ne pas doter l’instance d’un budget indépendant reflète clairement l’absence d’une volonté politique de lutter contre la corruption, soulignant que de telles pratiques sont de nature à limiter l’efficacité du rôle de l’Instance, d’autant plus que les institutions et services relevant du pouvoir exécutif sont soumis à ses enquêtes.
Il a ainsi expliqué que l’Instance n’a pas réussi, depuis sa création en 2011, à obtenir son indépendance, pourtant stipulée par la loi, faisant remarquer que son budget qui ne dépasse pas 2 millions de dinars est faible et loin de lui permettre de réaliser ses enquêtes, de soutenir la société civile et de mettre en place un centre d’études et de recherches.
Le président de l’INLUCC, a par ailleurs, affirmé que presque toutes les ressources de la société civile active dans le domaine de la lutte contre la corruption proviennent de l’étranger.
La majorité des membres de la Commission ont exprimé leur solidarité et soutien à l’Instance dans sa quête d’indépendance afin qu’elle puisse accomplir sa mission, vu le besoin imminent d’éradiquer le fléau de la corruption et de redonner confiance au citoyen.
Le député Mohamed Ben Salem a porté la responsabilité de faire face à la corruption à l’Instance, considérant “qu’il est inconcevable de mener la lutte contre la corruption de cette façon, surtout que n’avons plus d’échos sur les issues de l’opération menée par le gouvernement”.
Il a, en outre, critiqué le fait de poursuivre les petits corrompus et d’épargner les têtes pensantes de la corruption.
Le député Hedi Ben Brahem a, de son côté, insisté sur la nécessité de généraliser et de mettre à jour le plan national de lutte contre la corruption adopté en décembre 2016, étant donné que l’Instance constitue la colonne vertébrale de ce plan.
Mongi Rahoui a, quant à lui, exprimé son étonnement face au recyclage de la corruption opéré par les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, et l’implication des partis au pouvoir dans des affaires et des relations suspectes.