Première, bonne et réjouissante nouvelle pour les acteurs du monde du cinéma tunisien et français: annoncé depuis quelques mois déjà, le Fonds bilatéral d’aide à la coproduction d’œuvres cinématographiques franco-tunisiennes (FBACOCFT) sera bientôt opérationnel. Selon Fathi Kharrat, directeur général du Centre national du cinéma et de l’image (CNCI), l’appel à projet sera lancé en juillet prochain et le comité de gestion de ce nouveau véhicule se réunira lors de la prochaine session des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) pour sélectionner ceux dont les producteurs recevront une dotation.
Le Fonds aura un budget initial de 460.000 euros, versés à près des deux tiers -300.000 euros- par le Centre national du Cinéma (CNC), et le reste (160.000 euros), par le CNCI, indique Patrick Poivre d’Arvor, ambassadeur de France à Tunis.
Ce montant financera «quatre à six longs métrages par an», précise l’ambassadeur. Il devrait augmenter au cours des deux années suivantes couvertes par la convention conclue par les deux pays.
«C’est le premier fonds de ce genre que nous créons», se félicite le diplomate français. Mais il doit rapidement être dupliqué ailleurs. D’abord, au Maghreb –en premier lieu et bientôt au Maroc- puis en Afrique subsaharienne.
L’ambassadeur espère «qu’on pourra mesurer concrètement début 2018 l’impact» de la création de ce nouveau dispositif.
Deuxième bonne nouvelle, annoncée mardi 13 juin 2017 par l’ambassadeur de France: ce nouvel outil «ne remplace pas les autres dispositifs, comme Cinéma du monde». Surtout, se félicite Fathi Kharrat, il vient pallier, du côté tunisien, la défaillance de la télévision nationale et des producteurs en matière de financement de projets cinématographiques.
L’idée de ce fonds est née «d’un constat simple: il y a une cinématographie française et tunisienne jeune, récente et qui a produit des œuvres d’une extrême qualité», et il fallait lui venir en aide, explique Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC. Une fois l’idée trouvée, en octobre 2016, note M. Kharrat, tout est allé rapidement. La convention y afférente a été signée en février 2017 par Audray Azoulay, alors ministre française de la Culture et de la Communication, et son homologue tunisien en charge des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine, et présentée dans la foulée lors du Festival de Cannes.
S’il est nécessaire pour aider des projets cinématographiques tunisiens et français à voir le jour, il faut, en plus, que les films produits puissent être vus dans les festivals pour avoir la chance de percer. Un effort dans lequel, estime Patrick Poivre d’Arvor, les JCC sont un peu défaillants en ce qui concerne le cinéma français en particulier et européen en général.
Constatant que «les JCC retrouvent leurs fondamentaux, avec l’Asie et l’Amérique latine», l’ambassadeur se dit «déçu» que cette manifestation ne programme «pas plus de films européens» et qu’elle soit en voie de se faire «sans les artistes franco-tunisiens». Et M. Poivre d’Arvor de suggérer la création «d’un autre rendez-vous qui rendrait compte de la réalité de cette production et de ces échanges».