Une nouvelle vague d’arrestations et de mises en résidence surveillée a succédé aux précédentes dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption, et en vertu de la loi d’urgence.
La douane est de nouveau mise au pilori, tant elle a été gangrenée depuis des décennies par la corruption devenue un fléau à cause de la mainmise des Trabelsi sur ses différents services. Des pratiques qui ont continué de plus belle depuis janvier 2011.
C’est S.B.R, un haut cadre retraité de la douane nationale avec le grade de colonel, qui a été arrêté cette fois-ci. Connu pour ses malversations administratives et financières, son nom a été cité nombre de fois dans des dossiers touchant au commerce illégal des bananes et de la ferraille.
Cet individu a réussi, grâce au poste qu’il occupait à l’aéroport Tunis-Carthage, à nouer des relations avec des personnalités influentes et s’est «distingué» par ses activités illicites dans le commerce des bijoux, des joyaux ainsi que le trafic des devises en échange de dessous de table pour services rendus.
Il avait auparavant été l’un des lieutenants d’Imed, Moncef et Houcem Trabelsi dans des opérations de contrebande des bananes et de toutes sortes de marchandises à travers le port de Radès.
Il a même été décoré par Moncef Marzouki, président de la République provisoire au temps de la Troïka qui avait, à l’époque, prétendu l’avoir chargé de tendre une embuscade à des contrebandiers dans la région de Kasserine. Il aurait été apparemment brutalement violenté par eux et dépouillé des fonds mis à sa disposition (sic). Le monsieur en question est devenu un milliardaire grâce à ses affaires mafieuses.
On a également procédé à l’arrestation de C.B natif de la région de Msaken et gérant d’une entreprise de vente de matériaux de construction. L’entreprise servait en fait de couverture pour la contrebande des appareils électroménagers et son gérant a été impliqué dans des affaires de chèques sans provision.
Les arrestations ont également concerné les frères S.C et K.C de la région de Ksar Helal résidant à Kairouan. Les deux prévenus ont été compromis dans des opérations douanières frauduleuses dont le trafic de devises, l’importation de marchandises de contrebande de Chine et de Turquie à travers les frontières algériennes et libyennes. Ils ont usé de moyens détournés pour ne pas s’acquitter des frais de douane grâce à leurs complicités dans les ports de Radès et de Sfax.
Ces deux personnages ont fait l’objet d’investigations de la part de la brigade économique. K.C a été maintenu en détention préventive pendant un mois sachant qu’il est le parent de hauts cadres sécuritaires retraités qui ont couvert ses opérations illicites. Il a défrayé la chronique dans une affaire qui a mis le port de Sfax sens dessus dessous et touchant aux feux d’artifice et explosifs déflagrants.
K.C et ses complices cadres sécuritaires tenaient régulièrement des réunions à l’hôtel Africa à Tunis pour organiser les opérations de contrebande des différents types de marchandises.
Leurs fortunes respectives ont été décuplées après le 14 janvier 2011. Ils ont pu acquérir un grand patrimoine immobilier à Hammamet et Kairouan. Le dernier en date serait une ferme de 200 hectares dont le prix s’élève à 3 MDT.
Ce qui est regrettable dans toutes les affaires de corruption que nous voyons défiler devant nous c’est l’implication presque automatique de certains agents de la douane tunisienne et de ceux de la police censés préserver eux-mêmes les intérêts du pays et le protéger.
La crise de la Tunisie est profondément morale. Au-delà de la nécessité d’améliorer les conditions de vie de ces deux corps pour les protéger de l’épidémie de la corruption, il s’agit de remettre à l’ordre du jour les valeurs d’intégrité perdues depuis des lustres.