La falsification des résultats des élections a été au centre des témoignages exposés lors des 11e auditions publiques organisées par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), dans la soirée du vendredi 21 juillet 2017, au complexe du Fonds de prévoyance sociale et de retraite des avocats à Omrane supérieur à Tunis.
Siheme Ben Sedrine, présidente de l’IVD, a précisé lors d’une conférence de presse tenue jeudi 20 juillet que l’IVD a auditionné dix personnes sur la fasciation des résultats des élections durant 36 échéances électorales organisées en Tunisie (présidentielle, législatives, municipales et référendum). “La plupart des témoins invités ont répondu favorablement à l’exception d’un nombre limité”, a-t-elle indiqué, affirmant que ceux ayant refusé de délivrer leurs témoignages seront poursuivis conformément aux dispositions de l’article 66 de la loi sur la justice transitionnelle. Celui-ci stipule que celui qui refuse sciemment de délivrer son témoignage sur les violations et la corruption financière sera puni de prison.
Elle a précisé que les personnes auditionnées sont des candidats victimes d’élections truquées, des coupables de fraudes et des témoins. “Notre but est de révéler la falsification de la volonté du peuple représentée par le truquage des résultats des élections, en partant de l’enregistrement des électeurs dans les listes tout au long du processus électoral jusqu’aux listes candidates, la couverture médiatique, le contrôle du vote, le dépouillement et son contrôle, l’annonce des résultats et ces répercussions”, a-t-elle ajouté.
L’IVD a démarré, le 17 novembre 2016, l’organisation des séances d’audition publique des victimes de graves violations des droits de l’homme, survenues entre 1955 et 2013, marquées par les événements du bassin minier, les poursuites contre les membres du courant islamiste ainsi que la période de la scission entre les bourguibistes et les youssefistes.
Lors des autres auditions qui se sont poursuivies jusqu’au 19 mai dernier, des témoignages ont été délivrés par les islamistes, les membres de partis de gauche, des nationalistes, des victimes des violations à “Barraket Essahel”, les témoignages des proches des martyrs de la révolution, des blessés ainsi que des martyrs des événements contre la hausse des prix du pain, les victimes de l’instrumentalisation de la justice, de l’enrôlement militaire forcé et les victimes des événements du 26 janvier 1978.
Les auditions ont porté également sur les violations des libertés sur internet, celles coïncidant avec les accords d’indépendance et sur la corruption sous le régime de Ben Ali ainsi que sur le témoignage de son gendre Imed Trabelsi, détenu à la prison de Mornaguia.
Les auditions de vendredi se sont déroulées en présence de personnalités nationales, des membres de l’assemblée constituante, des députés de l’ARP et des activistes de la société civile.