Une nouvelle étude KPMG sur la consommation illicite de cigarettes en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Libye, qui vient d’être rendue publique, révèle que dans les 4 pays, 1 cigarette sur 5 est consommée illégalement. Elle montre que le commerce parallèle a affaibli les revenus des Etats en les privant d’une recette fiscale de 565 millions de dollars supplémentaires aux recettes en 2016.
L’étude indique également que la contrebande des cigarettes n’était qu’une des composantes d’un vaste réseau de commerce illicite dans lequel des produits comme le carburant et les denrées alimentaires passent illégalement les frontières pour être revendus à moindre prix, sachant que les quatre pays du Maghreb subventionnent les produits de base (pain, sucre, matériaux de construction…), créant ainsi des différences de prix qui incitent à faire passer des marchandises en contrebande vers les pays voisins.
Les points saillants de l’étude révèlent que:
- Plus de 7 milliards de cigarettes illicites, originaires des zones franches des Emirats arabes unis, entrent principalement en Libye sans payer de taxes.
- Les efforts visant à réduire la contrebande de cigarettes en 2016 semblent avoir contribué à une baisse du volume global de cigarettes illicites dans toute la région qui passe de 17 à 13 millions de cigarettes entre 2015 et 2016.
- Les différences de prix encouragent le mouvement des cigarettes de l’Algérie vers les pays voisins: en 2016, plus de 5 millions de cigarettes ont transité vers d’autres destinations. Cependant, le rapport fait état d’une baisse en 2016, suite au renforcement de la sécurité aux frontières.
- Le commerce illégal de cigarettes fait partie d’un large réseau de produits de contrebande incluant denrées alimentaires, carburants, véhicules, matières premières et autres appareils électriques…
- Le trafic des marchandises de cette nature est en grande partie socialement accepté et constitue une composante essentielle des stratégies de subsistance dans de nombreuses régions frontalières.
- Le plus grand volume de consommation illicite de cigarettes a été identifié en Libye, où 93% des cigarettes consommées sont illégales.
Cette étude, indépendante, a été commanditée par PMI. KPMG a également mandaté RUSI pour effectuer une analyse qualitative sur le commerce parallèle dans la région. Cette analyse a été utilisée pour fournir des données complémentaires à l’étude, sous forme d’un chapitre distinct traitant du commerce illégal des cigarettes et autres produits de contrebande.
L’approche quantitative de KPMG s’est basée sur une méthodologie similaire à la méthodologie utilisée dans le Project SUN et autres rapports sur les cigarettes de contrebande publiés à travers le monde.
«Cette étude souligne l’ampleur et la menace du commerce parallèle du tabac en Afrique du Nord, en identifiant les tendances et les facteurs clés. Il est important d’attirer l’attention sur ce grave problème, qui prive les gouvernements d’environ 565 millions de dollars par an en recettes fiscales. Il est également important de faire prendre conscience des rapports suggérant que des groupes criminels organisés utilisent les routes du trafic de cigarettes pour d’autres activités illégales et criminelles», a déclaré Alvise Giustiniani, responsable des opérations anti-commerce illicite de Philip Morris International. «PMI a établi de bonnes relations de travail avec les autorités locales, et nous continuerons de diriger et de soutenir les efforts de lutte contre ce crime. Ce n’est qu’en élaborant et en mettant en œuvre des mesures efficaces d’application de la loi que les gouvernements pourront assurer la sécurité nationale et économique de leurs citoyens».
Charlie Simpson, partenaire principal sur l’étude, chez KPMG UK, a commenté: «Les résultats de cette étude confirment l’ampleur du trafic illicite de cigarettes dans la région du Maghreb. Cependant, le recul du volume de 17 millions à 13 millions entre 2015 et 2016 démontre que les efforts visant à lutter contre le trafic illégitime de cigarettes semblent commencer à fonctionner. Il s’agit de la première étude de ce genre dans la région et nous avons utilisé la même méthodologie et approche que pour le Projet SUN, utilisé par les organismes chargés d’appliquer la loi en Europe. Le commentaire qualitatif fourni par RUSI ajoute une tonalité et une profondeur supplémentaires au rapport».
Cathy Haenlein, chercheur à RUSI, observe le caractère complexe de la contrebande de marchandises dans la région. «Le commerce illégal de cigarettes doit être considéré en conjonction avec toute la gamme de produits introduits en contrebande à travers les frontières de la région, où le commerce illicite constitue une composante cruciale des économies locales. Les réalités de cette activité de contrebande sur le terrain doivent être soigneusement prises en considération -dans de nombreux cas, le commerce illicite constitue une source de revenus essentielle dans les zones offrant des alternatives économiques limitées».
Méthodologie du rapport
Sur la base d’une méthodologie quantitative bien établie et rigoureuse, KPMG a mené une série d’analyses statistiques pour chacun des pays étudiés. KPMG a examiné la prévalence de la consommation illégale des cigarettes dans chaque pays, l’origine des entrées non domestiques, les destinations de sorties, ainsi que les principales marques impliquées.
RUSI a fourni une analyse sur la dynamique de la contrebande, qui confirme les tendances révélées par les données, tout en apportant des commentaires qualitatifs sur les autres produits de contrebande échangés dans la région. La recherche s’appuie sur des entretiens avec des experts chargés de l’application des lois, des experts de l’industrie et des universitaires de la région.
La combinaison de ces méthodologies a permis au rapport de fournir des informations supplémentaires sur les tendances révélées par l’analyse quantitative, mettant en évidence la dynamique de contrebande sous-jacente.
Pris dans leur ensemble, les résultats offrent une vision détaillée de la véritable échelle et nature du marché illicite des cigarettes, ainsi qu’une compréhension des autres produits de contrebande à travers la région.
Pour plus d’informations sur cette étude, voici le lien