Le projet de loi pour ratifier un accord de crédit de 500 millions d’euros (environ 1,4 milliard de dinars) de l’Union européenne (UE), discuté en présence du ministre chargé des Relations avec l’ARP, Iyed Dahmani, et du ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, divise les députés.
Lors du débat, Slim Besbes (Ennahdha) a appelé le gouvernement à faire le point et à évaluer l’exécution du budget 2017 et à anticiper les dysfonctionnements pour éviter le surendettement.
Abderraouf El May estime que le pays est contraint d’approuver ledit crédit, “mais il faut que le gouvernement consacre davantage de transparence dans ses décisions concernant l’endettement pour les deux prochaines années”.
D’autres députés ont appelé à un audit sur l’endettement, dont le taux a dépassé 70%. Le député Ammar Amroussia a critiqué le timing de la discussion de lois “très intéressantes” et l’absence de versions en langue arabe des textes d’accords, ce qui ne permet pas aux députés de passer les accords au peigne fin avant leur adoption. “Le gouvernement doit dire la vérité au peuple concernant les réformes décidées avec le FMI”, a laissé entendre le député, mettant en garde contre une “nouvelle révolution et des protestations en masse”.
Samia Abbou a critiqué, elle aussi, l’accord de crédit, qui va financer, à son avis, l’importation anarchique et non pas les salaires. “Le pays va dans le mauvais chemin et le problème reste dans la corruption qui gangrène plusieurs domaines. Il y a une politique systématique pour spolier les richesses naturelles du pays”, estime la parlementaire.
Imed Daimi a évoqué, quant à lui, la correspondance adressée par le ministre des Finances et le gouverneur de la BCT au FMI, estimant que les engagements inclus dans cette lettre (licenciement de 20 à 25 mille fonctionnaires dans le cadre de la retraite anticipée, gel des salaires jusqu’en 2022….) mettent la Tunisie sous tutelle financière.
Salem Labiadh est allé jusqu’à dire qu’il y a une intervention étrangère directe dans l’élaboration des politiques du gouvernement tunisien, critiquant au passage le refus de l’Union européenne de présenter un plan Marshall au profit de la Tunisie. “Au contraire, l’UE est en train d’alourdir la charge de la Tunisie par le biais de crédits supplémentaires et par ses instructions humiliantes”, a-t-il dit.
Un crédit pour payer les salaires d’août et septembre
Dans sa réponse aux interventions des députés, le ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, a déclaré que la liquidité de l’Etat atteint parfois des niveaux qui ne permettent pas le paiement des salaires, relevant que le crédit de l’UE est un appui direct au budget de l’Etat pour pouvoir payer les salaires des mois d’août et septembre.
Il a rappelé à cet effet que la masse salariale a atteint 15 milliards de dinars et qu’elle devrait augmenter encore, précisant que le taux d’endettement a atteint 75% et que les crédits octroyés à la Tunisie servent non seulement pour payer les salaires mais aussi pour financer les dépenses de gestion “puisque l’Etat est depuis 6 ans le seul investisseur en Tunisie”.