Le titre est fort curieux «UNE ARABE EN FRANCE», le nom de l’auteur intrigant, un prénom «trop courant voire péjoratif-sic-» et un nom de famille à particules de 21 lettres! Mais la surprise fut à la hauteur du contenu de cet ouvrage de moins de 200 pages …
Et je vous avouerais que la lecture de ce psychodrame était on ne peut plus savoureuse d’autant plus que je découvrais qu’il s’agissait d’une Tunisienne «pur jus» avec un nom de famille bien de chez nous que le hasard entraîna dans la fameuse Ville des lumières où elle devint psy! Et quelle psy, clairvoyante, cultivée, active et tutti quanti.
Ce qui m’a beaucoup plu dans cette femme, c’est qu’elle est on ne peut plus dans sa peau, qu’elle n’aura pas besoin d’un psy. Mais à travers ce livre, on constate qu’elle a même réussi à faire allonger MARIANNE sur le divan de FATMA; MARIANNE qui souffre depuis quelques décennies voire depuis toujours de foreignophobie et développe de plus en plus un syndrome de rejet systématique pour tout ce qui n’est pas gaulois de souche.
Tout ceci est si bien analysé dans ce rapport, pardon ce livre -qui ressemble dans certaines pages à un rapport de psychiatre-; livre qui explicite le comportement de tout un chacun, le blanc qui n’aime pas l’Arabe, l’Arabe qui n’aime pas le Blanc, l’Arabe qui n’aime pas l’Arabe, le Noir… en quelque sorte tous ces conflits que l’on regroupe sous un mot trop simple: le racisme. Et FATMA explique qu’il y a des racismes avec un S et que ces conflits ethniques ressemblent à ces mécaniques qui font qu’envers et contre tous le moteur tourne…
Pour revenir au livre en soi, après une introduction trop longue à mon goût comme si son auteur cherchait à se justifier d’avoir écrit cet ouvrage et rassurer ceux que son titre peut effrayer, les chapitres qui se suivent se dégustent et explicitent des choses que d’habitude on ne voit pas ou bien qu’on a oublié, surtout ceux qui sont passés par la France et y ont étudié quelques années et ont pu constater à l’époque le refus de cette société de les accepter. Faut-il rappeler que certains, malgré leur faciès désobligeant, étaient des élèves brillants dans les meilleurs établissements de France et de Navarre, mais dès qu’ils franchissaient la porte de l’X ou de NORMAL SUP ils redevenaient pour le commun des Français moyens le bougnoul ou l’Arabe… Il faut l’avoir vécu pour apprécier encore plus cet ouvrage, et dans tout son ouvrage, FBDLMN analyse, constate et ne commente que là où il le faut.
Depuis, les choses ont évolué et bien évolué, beaucoup de nos jeunes qui ont réussi l’ont bien compris et, tout en gardant leur tunisianité profonde, se francisent et s’affranchissent d’une centaine procédure de visas, s’installent dans les beaux quartiers et semblent même créer des cercles quasiment fermés.
FATMA a aussi une qualité rare, «la reconnaissance du ventre», elle s’implique aussi bien dans la vie publique du pays où elle vit que dans son pays d’origine surtout après le 14 janvier, déplore les drames imbéciles qui frappent les deux pays, et termine son livre par un avertissement qui ferait glacer plus d’un dos sur les risques d’un «nihilisme mortifère» qui guettent nos deux pays, et quoi qu’on fasse ou on dise, on restera lié à ce pays -qui est en perte de vitesse malgré l’arrivée tardive du pompier MACRON-, rien que par la langue dans laquelle je rédige ce papier.
Continue à psychanalyser ce monde fou où on ne sait plus si les voies du seigneur sont impénétrables ou carrément bouchées ! Et surtout continue à écrire…