Pour les non économistes, le FMI avance deux types de réformes. Les premières visent à stabiliser l’économie par la réduction de la masse salariale, le resserrement de la politique monétaire (augmentation des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation), plus grande flexibilité du taux de change du dinar et réduction des subventions inefficaces, telles que celles de l’énergie. Si on faisait uniquement cela, on aurait un régime d’austérité avec effet déprimant sur la croissance. Pour ne pas tomber dans cet effet pervers, le FMI ajoute des réformes structurelles qui visent à créer des disponibilités budgétaires pour relancer la croissance : la modernisation de la fonction publique, la viabilisation du régime de retraite, l’élargissement de l’accès au crédit et une meilleure efficacité de la lutte contre la corruption et les rentes.
“Le danger qui guette la Tunisie c’est d’avoir le premier type de réformes, inévitables, sans le second, structurel donc plus compliqué”.
Quels sont les risques? Le danger qui guette la Tunisie c’est d’avoir le premier type de réformes, inévitables, sans le second, structurel donc plus compliqué. On aurait ainsi à la fois austérité et contraction économique.
“Un aéroport c’est extrêmement risqué en période d’austérité au vu de son coût élevé et son faible effet redistributif et sur l’emploi”.
A ce danger s’ajoute celui d’une tentative maladroite de relancer l’économie à travers de grands projets payés à crédit. Un aéroport c’est extrêmement risqué en période d’austérité au vu de son coût élevé et son faible effet redistributif et sur l’emploi. Si l’Etat veut investir pourquoi ne pas commencer par la santé et l’éducation, ou alors dans les zones défavorisées, ce qui aurait un meilleur effet sur l’égalité des chances.
N’oublions pas que la déclaration du FMI parle de loi de finances 2018 qui soit “juste”, ce qui est presque une insulte venant d’une institution qui n’a jamais été reconnue pour son souci de la justice sociale.
“Le niveau de notre dette est tel que, qu’on veuille l’entendre ou pas, nous avons perdu une partie de notre souveraineté économique”.
Que peut faire le citoyen? D’abord, comprendre que les querelles politiques actuelles sont absurdes, car quel que soit le gouvernement ou les personnes qui le composeront, ce programme sera le leur. Le niveau de notre dette est tel que, qu’on veuille l’entendre ou pas, nous avons perdu une partie de notre souveraineté économique. L’intérêt national exige que l’on taise ces querelles stupides de personne et qu’on exige du gouvernement qu’il délivre ces réformes sans tarder.
Deuxièmement, exiger du gouvernement qu’il communique honnêtement, comme a commencé à le faire le ministre des Finances par intérim avant de se faire remettre à l’ordre. Le citoyen ne peut pas avoir confiance en un gouvernement qui bafouille et le soumet sans arrêt à la douche écossaise.
“Qu’on soit de droite, de gauche, laïc ou islamiste, la récréation est finie ! Retroussons nos manches et travaillons ensemble pour minimiser les dégâts de nos folies passées”.
Finalement, il faut demander régulièrement des comptes sur la mise en oeuvre des réformes structurelles, les seules à même de faire redémarrer l’économie.
Qu’on soit de droite, de gauche, laïc ou islamiste, la récréation est finie ! Retroussons nos manches et travaillons ensemble pour minimiser les dégâts de nos folies passées.
Mourad Ezzine
Commentaire sur la Déclaration du FMI du 3 Août 2017