Des recherches menées en Corse sur le changement climatique par les hydrobiologistes Antoine Orsini et Christophe Mori, respectivement président du Conseil scientifique du PNRC et président du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de la Corse, ont fait ressortir que cette quatrième île de la Méditerranée par sa superficie aura le climat de Tunis en 2050. Ils veulent dire qu’il y aura beaucoup plus de jours chauds et une période de sécheresse plus longue.
“Le nombre de jours chauds -avec plus de 30C° à l’ombre- augmente chaque année. Ajaccio compte cinq jours chauds de plus chaque année. En 2050, nous aurons le climat de Tunis”. La période de sécheresse ne cesse de s’étendre, six mois contre les deux auxquels tout le monde était habitué”, constatent les deux hydrobiologistes, cités par Corse-Matin.
La Tunisie subit déjà les impacts du phénomène planétaire du réchauffement climatique. La récente vague de chaleur qui a bouleversé le quotidien des tunisiens et la pénurie d’eau ressentie dans plusieurs régions du pays sont des indicateurs indéniables. En 2050, les scénarios sont encore plus alarmistes et la situation risque d’être pire. Une hausse de 2,1% de la température est prévue sur l’ensemble du territoire tunisien d’ici 2050.
Les chercheurs français ont fait part de leurs inquiétudes, affirmant que même si, curieusement, personne ne semble réellement croire au changement climatique, les relevés sont formels: ” il pleut en deux jours la quantité habituelle d’un mois “.
A l’échelle de la planète, on observe que la couverture neigeuse de l’hémisphère nord perd l’équivalent de la taille de la France chaque année. Actuellement, nous avons un taux de concentration de CO2 de 400 ppm (partie par million, ndlr), au maximum des ères interglaciaires, on ne dépassait jamais les 280 ppm. C’est simple : il n’a jamais fait un tel climat depuis 3 millions d’années. L’humanité n’a jamais connu ça, constate Patrick Rebillout, chef du centre météorologique régional Corse.
En 2050, les prévisions pour la Tunisie sont encore plus alarmistes
Les précipitations vont baisser avec un volume annuel variant de 10% à 30% selon les régions, par rapport à la situation actuelle. Cette baisse s’accompagnerait d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes de sécheresse et d’inondation et de perturbation de la répartition saisonnière des précipitations.
Quant à l’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2050, il est prévu une augmentation moyenne du niveau de la mer de 30 à 50 cm, induisant un rythme annuel de retrait des plages de 20 à 135 cm, selon les littoraux et les régions”, selon le ministère de l’Environnement.
Cela affectera la population tunisienne de différentes manières:
En matière de ressources en eau: La Tunisie est en situation de stress hydrique. Cela s’aggravera à l’horizon 2030 avec une baisse des ressources en eaux conventionnelles estimée à environ 28 %.
En matière de littoral: L’élévation du niveau de la mer entraînera la submersion de 16 000 hectares de terres agricoles, de 700 000 hectares de terres bâties, ainsi qu’une dégradation des infrastructures portuaires et littorale.
Le pire c’est qu’on rejette toujours autant de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et que ça va continuer à se réchauffer, laissent entendre les chercheurs, déçus.