“Plus de 25% des réclamations reçues par l’organisation I Watch entre juillet 2016 et juillet 2017 sont liées au manque de transparence lors des concours de la fonction publique”, a souligné jeudi Intissar Arfaoui, conseillère juridique de l’organisation I Watch.
“La présence des représentants de la société civile lors des concours reste limitée à la première partie du concours (le dépouillement des dossiers et l’épreuve de l’écrit) puisque pendant l’oral il n’est pas permis au représentant de la société civile d’être présent”, a expliqué l’intervenante lors d’une réunion débat organisée à Tunis sur la transparence des recrutements dans la fonction publique.
Elle a fait observer que l’organisation a reçu plusieurs réclamations de la part des candidats aux concours citant des cas de conflits d’intérêt lors de l’épreuve de l’oral et d’autres parlent de listes préétablies.
Selon elle, un grand nombre de candidats ignorent les procédures de recours et ne sont pas capables de prouver le manque de transparence ou les suspicions de corruption. C’est ce qui fait que la reddition des comptes demeure difficile, a-t-elle dit.
Intissar Arfaoui a, en outre, rappelé que le 30ème rapport annuel de la Cour des comptes relatif à la période allant de 2010 à 2015 et présenté en juin 2017 a évoqué un manque de transparence lors de recrutements dans les ministères de l’Education, de la Santé, des Affaires sociales, de l’Emploi et de la Formation professionnelle et à la STEG (Société tunisienne d’électricité de gaz).
Pour sa part, Najet Bacha, représentante de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, a estimé que l’affichage de la date du concours et l’annonce publique des résultats font que les recrutements sont plutôt transparents et garantissent l’égalité des chances.
“En revanche, on peut parler de manque de transparence et d’inégalité des chances dans les recrutements par contrat effectués par les entreprises publiques selon les besoins”, a-t-elle ajouté.
D’après elle, le manque de transparence démontre plutôt une mauvaise gestion administrative. Chaque fois que l’Instance nationale de lutte contre la corruption reçoit des réclamations dans ce sens, elle informe le ministère concerné pour qu’il prenne les procédures nécessaires, a-t-elle dit.
Pour sa part, Mohsen Sammari, représentant de la présidence du gouvernement, a indiqué que le recrutement dans la fonction publique est géré par des lois biens claires qui mentionnent les critères, les délais et toutes les procédures.
Il a estimé que la présence du représentant de la fonction publique dans les étapes du concours et la participation de la société civile visent d’ailleurs à garantir la transparence et le bon déroulement des épreuves.
“Souvent on parle de corruption, mais il n’y a souvent pas de preuves”, a-t-il indiqué.
Selon lui, c’est le décalage entre le nombre de postes à concourir, qui ne dépasse pas généralement une cinquantaine, et le nombre de candidats qui peut dépasser parfois les 50 mille qui rend la situation difficile et fait que certains candidats recalés parlent de corruption et de listes préétablies.
La réunion débat, organisée à l’initiative de l’organisation I Watch, devra être couronnée par des recommandations visant à garantir l’égalité des chances lors des recrutements dans la fonction publique et à mettre fin au phénomène de la corruption.