Pour accéder à la gestion locale du pays dans la perspective des élections municipales de décembre 2017, le parti islamiste ne crache plus sur les anciens du Rassemblement démocratique constitution (RCD). C’est ce que révèlent nos confrères de l’hebdomadaire Jeune Afrique, dans son édition électronique du vendredi 18 août 2017.
Tout d’abord, l’hebdomadaire souligne que «pour les partis politiques, la rentrée de septembre signe le lancement des grandes opérations en vue de la campagne qui s’ouvrira quelques semaines avant les scrutins municipaux du 17 décembre», ajoutant que «certains partis annoncent déjà qu’ils ne seront pas prêts et ne pourront pas présenter 350 listes comportant 7.500 candidats pour couvrir le territoire».
Dans la foulée, ces partis mettent en avant l’absence de Code des collectivités locales (en examen à l’Assemblée) et estiment que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) n’est pas opérationnelle, en ce sens que ses membres démissionnaires n’ont toujours pas été remplacés.
Mais ce n’est pas le cas d’autres formations politiques qui sont déjà «… dans les starting blocks et ont annoncé leur intention d’ouvrir leurs listes à des indépendants». Ennahdha en fait partie, lequel aurait déjà entamé des pourparlers très “discrets“ pour le moment.
En effet, «une réunion à huis clos a été organisée par Mohamed Ghariani, ancien secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) sous Ben Ali et ex-membre de Nidaa Tounes, écrit Jeune Afrique. Le 13 août, à Hammamet, elle s’est tenue en présence de Lotfi Zitoun, le bras droit de Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste, ainsi que d’anciens du RCD dont Abdallah Kallel et des déçus de Nidaa Tounes comme Néji Jalloul».
Toujours selon la même source, la réunion a porté sur une éventuelle composition “des listes municipales qualifiées d’indépendantes que porteraient des figures de l’ex-RCD suivis de membres d’Ennahdha“.
L’hebdomadaire révèle dans cette perspective que «la formation islamiste traverse une crise interne importante qui remet en question le leadership de Rached Ghannouchi. Elle est probablement à même de l’emporter sans alliances, puisqu’elle avance malgré tout en bloc uni. Mais si les islamistes veulent diversifier leur accès à la gestion locale du pays, ils pourraient voir un avantage à s’allier».
Pour ce faire, les islamistes d’Ennahdha, après avoir “longtemps tiré à boulets rouges sur les hommes de Ben Ali“, semblent donc leur donner une sorte de nouvelle virginité. C’est tentant pour les RCDistes qui, sachant “détestés par la population“ et n’ayant “pu véritablement réintégrer la vie politique“, pourraient saisir cette perche tendue par Ennahdha. Et le parti de Rached Ghannouchi est persuadé que certains anciens cadres du RCD “… ont conservé leurs réseaux et pourraient empêcher, avec Ennahdha, l’émergence de nombreux autres partis ayant moins de capital humain“, écrit l’hebdomadaire indépendant.
Pour l’heure, rien n’est sûr, mais on est là devant une confluence entre un besoin de “rédemption“ (côté anciens du RCD) et un désir farouche d’Ennahdha de s’emparer les rênes du pouvoir en Tunisie. Et nécessité faisant loi, tout porte à croire que les deux parties vont s’entendre… pour les prochaines municipales.
Ceci étant, on s’étonne, aujourd’hui, que la société civile ne bouge pas, ne fasse rien pour empêcher une éventuelle razzia que le parti islamiste pourrait réaliser lors de ces élections municipales. Car, compte tenu de la faiblesse des autres partis politiques, elle est la seule force à pouvoir barrer la route à Ennahdha. On sait que le parti islamiste tunisien a une vision et a mis en place une méthode et un plan pour l’attendre.
En tout cas, il ne servira pas à grand-chose de descendre dans la rue pour contester les résultats de ces élections surtout qu’elles seront sans aucun doute transparentes.