Le retard pris dans l’élaboration de loi de finances 2018 suscite les interrogations, alors que la manière avec laquelle est élaboré ce projet de loi fait l’objet de critiques. Lors d’une interview accordée à l’agence TAP, Ezzedine Saidane, économiste tunisien, a plaidé pour un changement global d’approche pour l’élaboration de cette loi “pour redonner à cet instrument la crédibilité requise”. “Il ne faut pas que ça soit avec les mêmes approches et les mêmes méthodes”, insiste l’économiste.
Et de poursuivre ” Si on continue à travailler d’une manière comptable et chercher quelques équilibres comptables, nous n’allons pas y arriver. Une loi de finances qui ne se pose pas comme objectif un véritable sauvetage de l’économie tunisienne va être inutile, et on risquera de reproduire le scénario des années passées, où on avait constamment besoin d’une loi de finances complémentaire, au détriment de la crédibilité de cet instrument”.
Toujours selon lui, “une loi de finances doit aussi refléter la politique d’un gouvernement, mais la situation aujourd’hui est telle que cet instrument ne reflète plus rien, à cause de cette calcification qu’il a subie et qui fait que la marge de manœuvre du gouvernement au sein du budget et de la loi de finances est extrêmement limitée, à cause d’ une masse salariale qui accapare plus que 70% des recettes ordinaires de l’Etat et qui équivaut à 50% du budget, sans compter les 40% occupés par les autres dépenses relatives au service de la dette et à la caisse de compensation”.
“Un changement radical au niveau de l’approche d’élaboration de cette loi de finances doit donc intervenir”, a-t-il recommandé.
Pour mémoire, la Loi de Finances 2018 a fait, le 21 août 2017, l’objet d’une rencontre entre le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, au palais de Carthage.
“Le gouvernement est en train de plancher sur les grandes lignes et les nouvelles orientations de cette loi, soulignant la nécessité de travailler sur des hypothèses prudentes afin d’éviter une loi de finances complémentaire ou encore le dérapage des finances publiques”, avait déclaré le conseiller auprès du chef du gouvernement, Fayçal Derbel, lors d’une table ronde organisée le 08 aout 2017 par l’UTICA.
Derbel avait insisté sur la nécessité de “mettre en place une loi de finances 2018 qui soit ni encombrante ni encombrée. Une loi de finances qui marquera un ralentissement de l’augmentation soutenue du budget constatée durant les dernières années et qui a varié entre 8 et 12%. L’augmentation du budget doit être bien maîtrisée et en rapport avec l’inflation.
Il avait annoncé, par la même occasion, que la TVA va connaître, “très probablement”, une hausse dans le cadre de la loi de finances 2018.