“Si nous pensons aux ressources en eau en tant que compte bancaire, celui de la région MENA est maintenant sérieusement épuisé”? C’est ce qu’a déclaré Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, cité dans le nouveau rapport de la BM intitulé “Au-delà de la pénurie: la sécurité de l’eau au Moyen-Orient et en Afrique du nord”.
L’extraction de l’eau des rivières et des aquifères plus rapidement qu’ils ne peuvent être reconstitués équivaut à vivre au-dessus de ses moyens, et elle nuit au capital naturel d’un pays, affectant la richesse et la résilience à plus long terme, laisse entendre les experts de la BM dans ce rapport lancé, mardi, lors d’une session spéciale axée sur la région MENA tenue à Stockholm, en Suède, en marge de la conférence de la “Semaine mondiale de l’eau”.
Ce rapport, qui offre une analyse complète de l’un des défis les plus importants de la région, se veut, toutefois, optimiste, car une solution existe pour pallier les déficits hydriques et atteindre la sécurité en matière d’approvisionnement en eau. Cette solution réside dans la bonne gestion des ressources moyennant les technologies et le recyclage des eaux usées collectées, dont plus de la moitié des quantités dans la région MENA, est renvoyée dans l’environnement sans traitement.
Tunisie et Jordanie félicitées par la BM
La Tunisie et la Jordanie sont citées en bon exemples dans le domaine de traitement des eaux usées. “Des expériences positives en Jordanie et en Tunisie montrent que les eaux usées peuvent être recyclées en toute sécurité pour l’irrigation et la recharge d’aquifères gérés”, lit-on dans le rapport.
“En plus d’une meilleure gestion de l’eau, il est possible d’accroître l’offre grâce à des méthodes non conventionnelles telles que le dessalement et le recyclage”, a déclaré Guangzhe Chen, directeur principal de Global Water Practice de la Banque mondiale. “Heureusement, de nombreux pays ont démontré leur succès dans la mise en œuvre de programmes novateurs visant à réduire la quantité d’eau traitée perdue dans les fuites avant d’atteindre le client, ainsi que la production d’eau non conventionnelle. La rentabilité des technologies utilisées dans ces solutions s’améliore rapidement et offre davantage d’options en matière de gestion de l’eau pour les prochaines générations”.
Dans la région MENA, plus de 60 pour cent de la population vit dans des zones où le stress hydrique superficiel est élevé ou très élevé, par rapport à une moyenne mondiale d’environ 35 pour cent. Malgré la pénurie d’eau, la région détient les tarifs les plus bas au monde et détient à 2% la plus forte proportion du produit intérieur brut consacrée aux subventions publiques de l’eau alors que les tarifs peu coûteux découragent l’utilisation efficace de l’eau.
L’augmentation des tarifs des services d’eau donnerait un signal sur l’impact matériel de la diminution des ressources et encouragerait l’économie d’eau, selon le rapport.
Ce pas est vraisemblablement sur le point d’être franchi en Tunisie, pays où la situation des ressources en eau devient de plus en plus alarmante avec des stocks dans les barrages inférieurs de 41%, à la moyenne et où les appels à l’augmentation de la facture de l’eau se poursuivent.
L’insuffisance de l’approvisionnement en eau et l’assainissement coûte environ 21 milliards de dollars américains (environ 50,8 milliards de dinars) à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) en pertes économiques, selon le nouveau rapport de la Banque mondiale. Les mesures visant à améliorer la gestion et la répartition des ressources en eau limitées sont maintenant essentielles pour la croissance et la stabilité de la région.