La photographie tunisienne est à l’honneur à l’Institut du Monde arabe (IMA) à Paris, à l’occasion de la deuxième biennale des photographes du Monde arabe contemporain qui est ouverte au public du 13 septembre au 12 novembre.
Plus de vingt photos réalisées par six artistes photographes tunisiens sont exposées durant un mois à l’IMA. Le président de l’Institut du Monde arabe, Jack Lang, a indiqué mardi lors du vernissage de l’exposition que “l’IMA a choisi de braquer le projecteur sur un pays en transformation et en créativité continue”.
Le commissaire général de la 2ème Biennale des photographes du Monde arabe contemporain, Gabriel Bauret, a déclaré à l’agence TAP que “les artistes tunisiens invités à la Biennale pratiquent une photographie très actuelle”. Il estime que ces artistes s’emparent de la photographie, utilisent plusieurs techniques et ont des orientations variées.
La commissaire de l’exposition à l’IMA, Olfa Feki, a indiqué que le choix des travaux des artistes tunisiens s’est fait dans une continuité avec la ligne directrice de l’exposition qui consiste à raconter les pays arabes à travers des histoires, une marche poétique et une description de la réalité.
L’artiste photographe Douraid Souissi expose une série de trois photos portraits de trois hommes tunisiens de différentes tranches d’âge: un jeune “Salem” et deux adultes “Omrane” et “Mohamed”. Trois visages qui cachent un regard reflétant la réalité de la société tunisienne post-révolution.
Les œuvres de Héla Ammar sont axées sur deux thèmes différents l’un de l’autre. La première série “Portraits cachés” se compose de trois photos où il est question “des identités féminines”, indique l’artiste. “Ce sont des femmes présentées de dos, habillées d’habit traditionnel masculin porté à l’envers”, explique Héla qui exprime à travers ces photos le regard porté sur la femme.
Présentant sa deuxième série “Unwritten stories” (Histoires non écrites), Héla Ammar parle de l’immigration et de la situation migratoire, et ce à travers une vidéo avec un fond sonore des vagues.
Les œuvres de Zied Ben Romdhane, de sa série “West of Life” réalisée dans le bassin minier, retracent l’histoire et le quotidien de cette région qui intrigue le photographe, d’où sa “curiosité à mieux la connaître”, déclare Zied Ben Romdhane à l’agence Tap.
L’artiste Souad Mani qui travaille sur la photographie connectée en utilisant le téléphone mobile, expose trois photos baptisées “Temps dérivé”. “Il s’agit d’un travail qui sonde les propriétés de la photographie connectée, instantanément géo-localisée”, d’après la présentation de sa série de photos. L’artiste porte un autre regard sur la photo. “Une fois prise par un smartphone elle est forcément partagée”, note Souad Mani.
L’artiste Mouna Karray explore à travers sa série “Noir, “les constructions de l’identité et de la mémoire”. “C’est du noir que nous puissions naître”, estime l’artiste qui considère que la photographie “est une forme de résistance”.
Les photos de Jellel Gastelli, “Les carnets de Marrakech” “associent la photographie à la littérature”, d’après la note de présentation. Gastelli s’est inspiré de manuscrits de l’écrivain Abdelwahab Meddeb pour réaliser ses “Carnets de Marrakech, de Tanger et d’ailleurs”.
L’ambassadeur de la Tunisie en France Abdelaziz Rassâa était présent au vernissage de l’exposition à l’Ima. Il a estimé, dans une déclaration à l’agence Tap, que la mise à l’honneur de la Tunisie à la Biennale des photographes du Monde arabe contemporain “valorise l’image de la Tunisie qui montre à travers les artistes son vrai visage”.
La deuxième Biennale des photographes du Monde arabe contemporain se déroule simultanément dans huit espaces à Paris. Chacun des lieux d’exposition présente à la fois les travaux des créateurs issus du Monde arabe ou des pays européens qui portent un regard artistique sur différents pays arabes.