Des données officielles sur le patrimoine mondial des pays du Maghreb font état d’un total de 31 biens culturels et naturels (9 au Maroc, 8 en Tunisie, 7 en Algérie, 5 en Libye et 2 en Mauritanie), classés sur la liste du patrimoine humain de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Le nombre global des biens collectifs de l’humanité dont la plupart sont à caractère environnemental et culturel est estimé actuellement à 1.073 répartis sur 167 pays parmi les Etats membres de l’Unesco, l’organisation onusienne qui gère le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité.
C’est ce qui ressort des statistiques onusiennes présentées dans le cadre d’un atelier régional sur le processus de proposition d’inscription de sites culturels sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui se tient du 11 au 15 septembre 2017 à Djerba.
Sur l’ensemble des pays arabes et maghrébins, “le pourcentage des biens inscrits ne dépasse pas les 10 pc du chiffre mondial global”, a fait remarquer Hayet Ketat Guermazi, directrice de la Culture à l’Organisation arabe de l’éducation, des sciences et de la culture (Alecso).
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Ce pourcentage “ne traduit pas la richesse et la variété du patrimoine dont regorge en particulier la zone l’Afrique du Nord”, a-t-elle estimé, lundi, à l’ouverture de l’atelier, en présence d’experts venus de différents pays, spécialement du Maghreb.
Selon Guermazi, ce faible classement mondial des biens du patrimoine de la région est imputé “au nombre insuffisant des compétences arabes pour la préparation des dossiers de proposition d’inscription sur la liste du patrimoine mondial”.
Elle a estimé que cet rendez-vous devra permettre de tirer profit de “l’expertise internationale dans les méthodes de préparation des dossiers”, citant en particulier le dossier de l’île de Djerba dont les préparatifs sont en cours par les différentes autorités nationales chargées de la culture et du patrimoine.
De son côté, Ghazi Ghrairi, ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, a évoqué les guerres et conflits qui sont à l’origine de “la démolition de sites et monuments historiques dont beaucoup sont déjà menacés de disparition”.
“Il importe de ce fait d’accorder toute l’attention requise au patrimoine et de veuillez à sensibiliser les gens quant à son importance à travers l’instauration d’une culture pour sa protection, sa sauvegarde et sa valorisation”, a-t-il recommandé.
“Du fait du chaos qui a touché le patrimoine de la région arabe et maghrébine il est important qu’il y ait une solidarité internationale pour sa protection”, a estimé de son côté Nada Al Hassan, présidente de la direction du Monde arabe au centre du patrimoine international de l’Unesco.
Elle préconise de réfléchir sur de nouveaux moyens pour améliorer la gouvernance du patrimoine, élargir sa représentativité sur la liste de l’Unesco, tout en faisant, à cet égard référence au patrimoine de Djerba, “à la fois singulier et fragile, où il devrait y avoir des mesures urgentes pour faire face au phénomène de l’expansion urbaine sur l’île”.
Pour Amel Hachena, directrice des services communs au ministère des Affaires Culturelles, “le classement d’un bien national sur la liste du patrimoine mondial lui attribue une protection, fixe la façon dont il devrait être exploité et offre un certain rayonnement pour le pays qui l’abrite”.
Elle a rappelé que parmi les 7 sites et monuments en Tunisie, classés patrimoine de l’humanité, il existe un seul site naturel.
En mars 2017, le ministère de tutelle a présenté le premier dossier de proposition pour le classement préliminaire sur la liste du patrimoine mondial immatériel de l’humanité, pour l’inscription des poteries de Sejnane. Une seconde présentation de dossier de proposition d’inscription au patrimoine immatériel devra concerner la musique de la Rachidia, comme un héritage sonore spécifique à la Tunisie, a encore précisé Hachana.
Les travaux de l’Atelier devront constituer “une occasion propice pour l’étude du dossier de l’inscription de l’île de Djerba sur le patrimoine mondial et la mise en place d’une feuille de route claire à laquelle sont impliqués des experts”, a souligné pour sa part Naceur Bouabid, représentant de l’Association de sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje).
Il a estimé que cette feuille de route devra constituer un point de départ pour l’engagement de toutes les parties prenantes afin de faire avancer les procédures relatives d’inscription de l’île.
Cet atelier est organisé par l’Association de sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’Institut national du patrimoine (INP-Tunisie), l’Organisation arabe pour l’éducation, la science et la culture (Alecso), ainsi que le Centre régional arabe pour la protection du patrimoine mondial.
Les directeurs du patrimoine Culturel au Maghreb ont pris part à cet atelier au cours duquel une présentation générale a été faite sur les défis et enjeux de l’île de Djerba. L’accent a été aussi mis sur les mécanismes et concepts de la Convention du patrimoine mondial, le processus d’évaluation des propositions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial et les défis de la mise en œuvre de la Convention en région arabe et au Maghreb.