Une réflexion qui tourmente Larbi Chouikha, universitaire, depuis sept ans. (Réflexion postée sur sa page facebook).
Dans ce tumulte médiatique où les garde-fous et les repères sur lesquels s’érigent la rigueur professionnelle tendent à se fissurer, voire à voler en éclat : Qui peut, aujourd’hui, nous aider à démêler les informations du moment -vérifiées et corroborées-, aux intox, aux rumeurs, aux buzz,… qui se diffusent de concert et se confondent parfois ?
Qui peut nous aider à faire un distinguo entre l’actualité du moment et les tentations à la recherche du sensationnel ?
Qui peut aussi affirmer que cette actualité, telle qu’elle est propulsée et médiatisée, n’en cache pas une autre, probablement de plus important ?
Qui peut nous assurer que les projecteurs de l’actualité n’ont laissé aucune zone d’ombre, non éclairée, et pour cause…?
Qui peut nous garantir que ceux qui actionnent ces projecteurs le font en toute honnêteté et indépendance d’esprit, conformément aux principes qui régissent la profession, le respect du public et son droit à l‘information ?
Qui peut nous certifier qu’en cas de transgression et d’impair de ceux et de celles censés nous éclairer, des sanctions tomberont aussitôt comme des couperets et les excuses au public pleuvront comme des perles ?
Qui me dit que dans ce cafouillage politique où l’autorité de l’État bat de l’aile, et dans ce monde médiatique où tous les verrous semblent avoir sautés, quiconque sera-t-il tenté de créer, lui-même, son actualité et pourquoi pas devenir lui-même une actualité ?
Qui me dit, enfin, que la perception et l’usage que -nous- avons et faisons, aujourd’hui, de la liberté d’expression et d’information, ne recèlent pas en leur sein les armes qui vont finir par anéantir cette liberté chèrement acquise?…
Je préfère m’arrêter là au risque de sombrer, moi-même, dans le désarroi et le désenchantement.